Une meilleure stratégie de prévention et de lutte contre les maladies animales à fort impact sur les humains permettrait d'économiser des milliards de dollars, estime l'Organisation de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) dans un communiqué publié hier. "Certaines maladies menacent directement la santé humaine, tandis que beaucoup d'autres ont des répercussions négatives sur les moyens d'existence des communautés", note la FAO, qui cite les virus H5N1 et H1N1, la fièvre aphteuse, la fièvre de la Vallée du Rift et la rage au nombre des épidémies les plus récentes. "Nous estimons que les conséquences de ces agents pathogènes se feront sentir sur la santé humaine, animale et végétale et leurs coûts économiques globaux augmenteront sensiblement au cours des prochaines décennies", déclare Juan Lubroth, vétérinaire en chef à la FAO. L'utilisation des terres, la dynamique écologique, notamment le changement climatique, et l'essor des échanges internationaux et des voies commerciales représentent de nouveaux enjeux pour la prévention et la lutte contre les maladies animales, a mis en garde l'organisation des Nations Unies. Ces menaces émergentes sont en outre liées à l'urbanisation galopante et à la forte croissance de la demande de viande, de lait et d'œufs de la part des citadins. Entre 1985 et 2000, la production de viande de canard en Asie de l'Est a été multipliée par cinq. En 2008, plus de 21 milliards d'animaux ont été produits pour l'alimentation humaine dans le monde, chiffre appelé à augmenter de 50 pour cent d'ici 2020. "Nous estimons que les conséquences de ces agents pathogènes se feront sentir sur la santé humaine, animale et végétale et leurs coûts économiques globaux augmenteront sensiblement au cours des prochaines décennies", a déclaré Juan Lubroth, Vétérinaire en chef à la FAO. Au Royaume-Uni, par exemple, l'épidémie de fièvre aphteuse qui a éclaté en 2001 aurait coûté au gouvernement et au secteur privé de 25 à 30 milliards de dollars. L'épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) de 2002-2003 a coûté à la Chine, Hong-Kong, Singapour et au Canada entre 30 et 50 milliards de dollars. Dans les pays en développement, les maladies animales transfrontières à fort impact constituent une menace directe pour la sécurité alimentaire, la nutrition et les revenus des communautés rurales tributaires de l'élevage, freinant par là même la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (ex. réduction de la faim, de la pauvreté, de la mortalité infantile, environnement durable). Le pool des gènes de l'influenza actuellement en circulation chez les volailles, les porcins et autres animaux ainsi que chez l'homme se diversifie, et de nouvelles souches du virus sont de plus en plus fréquemment isolées sur différents hôtes. L'augmentation des déchets alimentaires urbains porte à la prolifération des animaux errants, tels que les chiens, sur la voie publique. Certaines espèces sauvages sont également porteuses de nouvelles menaces pour la santé de l'homme en milieu urbain, comme la rage. Compte tenu de la croissance démographique, les gens pratiquent l'élevage dans des sites de plus en plus proches des habitats naturels, ce qui accroît le risque de transmission des maladies entre animaux de ferme et faune sauvage, et nuit à la biodiversité et aux efforts de conservation. "Ce n'est pas de la science-fiction, souligne M. Lubroth. Les menaces sont bien réelles. Les épidémies du bétail mortelles et dévastatrices sur le plan économique existent depuis la nuit des temps mais on en est train d'observer l'apparition et la propagation de nouveaux agents pathogènes que, fort heureusement, l'on est en mesure de mieux déceler et maitriser grâce à des politiques judicieuses". La FAO, en partenariat avec l'Organisation mondiale pour la santé animale et l'OMS, a adopté une stratégie One Health afin de détecter et de combattre plus efficacement ces nouvelles maladies. En tirant parti de l'expérience de l'Organisation en matière d'urgences de santé animale, l'Initiative One Health entend apporter une contribution essentielle à la réponse mondiale aux flambées de maladies, à la mise en œuvre de stratégies efficaces de prévention et d'endiguement, à la gestion des risques d'émergence de nouvelles maladies, notamment par l'amélioration des connaissances de leurs causes dans la production animale et les écosystèmes correspondants. La FAO a invité les donateurs à investir largement dans son programme quinquennal sur l'initiative One Health. Cet investissement est ciblé sur des actions prioritaires en Asie du Sud, du Sud-Est et en Asie centrale, en Afrique, en Amérique latine et aux Caraïbes, des régions particulièrement vulnérables à l'émergence, à la réémergence et à la propagation de maladies infectieuses.