Invité du forum du quotidien Liberté, le ministre de l'Agriculture et du Développement Rural, M. Rachid Benaïssa, a mis les points sur les " i " concernant les difficultés auxquelles sont affrontés les travailleurs de ce secteur. Ainsi, le ministre a indiqué que des dispositions seront prises prochainement pour permettre la cession du droit de concession instauré pour l'exploitation des terres relevant du domaine privé de l'Etat.
L'adhésion de l'Algérie à l'OMC S'agissant de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC le ministre a indiqué que les négociations touchant le volet agriculture étaient bien engagées alors que des accords devraient être signés en octobre prochain avec plusieurs pays membres. Une réunion multilatérale sur le volet agricole a été organisée début juillet à Genève durant laquelle l'Algérie a répondu à plusieurs questions liées aux dispositifs de soutien de son agriculture et au commerce des produits agricoles, a-t-il déclaré. L'Algérie avait reçu le 9 juin dernier les questions de certains membres de l'OMC. Tenant compte des changements introduits dans les systèmes de production et de régulation du marché mondial dans le domaine alimentaire, "l'Algérie a monté toute une série de dispositions qui permettent de défendre sa politique du renouveau agricole et rural", a-t-il expliqué. Il a souligné que suite à la crise alimentaire mondiale de 2008, il est admis de plus en plus dans le monde que les agriculteurs doivent développer des systèmes de production et de régulation, ce qui n'était pas possible il y a dix ans. Sur le volet agricole, il ne reste plus de question à poser à l'Algérie, selon le directeur de l'Institut national de recherche agronomique d'Algérie (INRAA), Fouad Chehat, négociateur principal du groupe pour le volet agricole. "Nous avons expliqué notre politique agricole en matière de soutien et d'accompagnement des agriculteurs et nous avons démontré que cette démarche ne limitait pas le commerce mondial. Donc, ils n'ont plus de question à nous poser", a indiqué ce responsable. Grâce à cette avancée, l'Algérie devrait conclure des accords avec plusieurs pays en octobre prochain, a-t-il dit. Toutefois, l'Algérie doit continuer encore à défendre la protection de certains produits stratégiques comme les agrumes et les produits oléicoles, selon M. Chehat. La délégation algérienne avait tenu, du 21 au 23 mai, des rencontres bilatérales à Genève avec des représentants de pays membres de l'OMC, dans le cadre des négociations pour l'adhésion de l'Algérie à cette organisation. Répondant à une question d'un exploitant agricole souhaitant céder son droit de concession, d'une durée de 40 ans, le ministre a répondu que " des dispositions organisationnelles seront promulguées très prochainement et seront mises à la disposition des wilayas pour permettre la cession du droit de concession ". Il est à préciser que la loi 10-03 régissant le foncier agricole relevant du domaine privé de l'Etat permet aux concessionnaires de céder, de transmettre et d'hypothéquer leur droit de concession qui a remplacé le droit de jouissance perpétuelle des ex-exploitations collectives et individuelles relevant du domaine privé de l'Etat. Quelque 219.000 exploitants sont concernés par cette conversion, mais l'Office national des terres agricoles (ONTA) a reçu à ce jour 219.050, a révélé M. Benaïssa qui s'est réjoui de la réaction positive des acteurs pour cette nouvelle législation foncière devant permettre, selon lui, de régler l'une des plus épineuses contraintes ayant freiné l'agriculture algérienne depuis l'indépendance. Sur un autre registre, le ministre a annoncé une réunion jeudi prochain avec la filière avicole pour décider de la reconduction de l'exonération de la TVA et des droits de douanes sur le maïs et le soja. En effet, cette reconduction permettra aux aviculteurs de faire baisser les dépenses, ce qui se répercutera favorablement sur les prix des produits avicoles. "Il y a de fortes chances que cette mesure soit reconduite pour une deuxième année consécutive", a-t-il affirmé soulignant que l'organisation de la filière avicole s'est améliorée, mais "pas suffisamment". Cette mesure a été instaurée à partir du 1er août 2012 pour une durée d'une année, et ce, après la flambée des prix du maïs et du soja sur le marché international menaçant la filière avicole algérienne d'un effondrement certain. La reconduction de la détaxation de ces deux matières qui constituent 80% de l'aliment de volaille sera intégrée dans la loi de finances complémentaire pour 2013, croit-on savoir. Le ministre avait conditionné la reconduction de cette mesure par le maintien des prix à la baisse et l'effort que doit consentir l'interprofession pour la restructuration et la pérennisation de la filière avicole. Pour revenir au sujet de la cession du droit de concession instauré pour l'exploitation des terres relevant du domaine privé de l'Etat, le ministre a affirmé que c'est presque 219 000 exploitants qui sont concernés par cette conversion. M. Benaïssa s'est réjoui de la réaction positive des acteurs vis-à-vis de cette nouvelle législation foncière devant permettre, selon lui, de régler l'une des plus épineuses contraintes ayant freiné l'agriculture algérienne depuis l'indépendance. Sur un autre registre, le ministre a affirmé de la politique du renouveau rural a touché plus de 7 millions de personnes durant les quatre dernières années. Toutefois le ministre a tenu à déplorer les lenteurs dans la réaction de certains secteurs. Pour le ministre, le monde rural qui était synonyme de sous-développement et de marginalisation est devenu aujourd'hui un réservoir de potentialités à découvrir et à valoriser. "Le diagnostic du monde rural qui a été réalisé durant les années 2000 a permis de constater qu'il y avait toujours une population importante et une diversité qu'il faut accompagner et préserver", a-t-il souligné. D'après le ministre, l'Algérie ne pouvait pas réussir son agriculture sans le développement du monde rural. Il a relevé, toutefois, des lenteurs dans la réaction de certains secteurs pour accompagner la dynamique que connaît ce "nouveau monde rural". Les départements de l'Intérieur et de l'Agriculture sont les plus impliqués dans la politique du renouveau rural, d'autres réagissent moins vite à la forte demande exprimée par les territoires ruraux autour des programmes inscrits par cette politique qui exige des actions de développement intégrées. Ces programmes portent notamment sur la protection des ressources naturelles, la lutte contre la désertification et protection des bassins versants et le développement durable des territoires ruraux. Par ailleurs, M. Benaïssa a évoqué la question de la qualité du blé français importé par l'OAIC en soulignant que ce blé répondait aux exigences techniques du cahier des charges de l'office. "Pour avoir de la farine panifiable destinée à la fabrication de la baguette de pain consommée en Algérie, le cahier des charges de l'OAIC exige certaines conditions techniques à respecter", a-t-il expliqué en réaction à une information relayée par la presse sur la mauvaise qualité du blé français. En outre, le cahier des charges de l'OAIC ne limite pas l'origine des blés importés puisque l'office importe d'autres pays que la France. D'ailleurs, a dit M. Benaïssa, l'Algérie a importé du blé américain pendant longtemps et du blé allemand qui répondent aux exigences du pain algérien. Durant les années 1980 et 1990, le consommateur algérien avait décrié la qualité du pain fabriqué à base du blé importé, ce qui a poussé les pouvoirs publics à amender le cahier des charges pour l'importation du blé en 1999 et remonter la barre pour avoir une meilleure qualité. Pour le ministre, la question du choix du blé pour fabriquer de la farine panifiable dépasse le cahier des charges de l'OAIC. "C'est un problème de fond, c'est-à-dire faut-il changer nos habitudes alimentaires ?", s'est-il interrogé. Cette question permet d'ouvrir le débat sur le changement des habitudes alimentaires des Algériens pour consommer du pain à base d'orge et de blé dur produits localement dont la qualité est avérée. "Est ce que notre population et nos technologues seront prêts à développer un pain à base de blé dur et combien de temps faudrait-il pour y parvenir ?", s'est interrogé le ministre.