Le déficit commercial du Japon a atteint 180,8 milliards de yens (1,39 milliard d'euros) en juin, à cause d'un renchérissement des importations sur fond de dépréciation du yen, a annoncé le ministère des Finances. Lors des six premiers mois de l'année, le déficit a bondi de 66,1% sur un an à 4 843,8 milliards de yens (37,25 milliards d'euros), un record depuis le lancement de cette statistique sous cette forme en 1979. "Le trou du premier semestre est important car le déficit a connu un pic en début d'année. Mais au vu des chiffres de juin, le déficit se réduit et le pire semble passé, a affirmé Taro Saito, économiste à l'institut de recherche NLI. La troisième puissance économique mondiale doit importer nettement plus d'hydrocarbures depuis l'accident nucléaire de Fukushima de mars 2011 qui a entraîné l'arrêt, par précaution, de la quasi-totalité des autres réacteurs du pays. Le renchérissement de la facture énergétique a été aggravé depuis la fin 2012 par la dépréciation du yen, entraînée par la perspective d'une politique monétaire assouplie sous l'égide du dirigeant conservateur Shinzo Abe, redevenu Premier ministre en décembre. Autrefois habitué à des excédents réguliers soutenus par la puissance de ses industries exportatrices (électronique, automobile, etc.), l'archipel connaît désormais des déficits chroniques, entrecoupés d'excédents ponctuels. Au mois de juin 2012, la balance commerciale avait ainsi dégagé un léger surplus de 56 milliards de yens (430 millions d'euros), mais il s'agit du dernier en date. Douze mois consécutifs de déficit se sont succédés depuis, le dernier, celui de juin 2013 annoncé mercredi, ayant été provoqué par une hausse de 11,8% des importations en valeur. Le coût des hydrocarbures a encore pesé lourd, avec une facture de gaz naturel liquéfié (GNL) en progression de 15%. Le GNL est davantage utilisé dans les centrales thermiques pour produire de l'électricité depuis Fukushima. Les achats de machines ont aussi nettement augmenté en valeur à cause de la baisse du yen face aux devises étrangères. Le coût global des importations d'ordinateurs et composants a ainsi bondi de près de 20%, celui des semi-conducteurs de presque 45%. Les importations venant de Chine, le premier fournisseur du Japon, ont augmenté de 14,3%, dopées par le doublement en valeur des achats de semi-conducteurs et l'augmentation de moitié des acquisitions de téléphones, notamment des Smartphones assemblés dans l'Empire du milieu. D'Asie du Sud-Est (pays de l'Asean), l'archipel a aussi dépensé davantage en importations (+5,7%) particulièrement celles d'appareils audiovisuels, de semi-conducteurs et de vêtements. Les importations ont bondi de 16,6% en provenance d'Union européenne (UE), avec un doublement en valeur des achats de machines productrices d'électricité et une progression notable (près de 21%) des acquisitions de voitures, bus et camions. Les exportations ont toutefois elles aussi bénéficié de la dépréciation du yen, qui élève leur valeur en monnaie japonaise lorsque les transactions sont conclues en devises étrangères. Elles ont progressé de 7,4% en valeur. Les constructeurs d'automobile ont ainsi perçu 15% de revenus supplémentaires de leurs livraisons à l'étranger, bien que le nombre d'unités exportées ait légèrement baissé. De la même manière, les ventes de produits chimiques vers l'étranger ont rapporté plus de 20% de recettes en yens supplémentaires. Sur le plan géographique, les exportations ont progressé de près de 15% à destination des Etats-Unis, le premier client de l'archipel, grâce à la forte hausse des recettes tirées des ventes de voitures. Vers la Chine, deuxième client du Japon, les livraisons ont progressé de près de 5%, tirées par les exportations de produits chimiques. Elles ont aussi augmenté vers l'Asean (+2,8%) et vers l'UE (+8,6%) grâce à des recettes plus importantes tirées des livraisons de semi-conducteurs et de machines.