La justice militaire américaine a reconnu coupable le soldat Bradley Manning, la taupe de WikiLeaks, de violation de la loi sur l'espionnage, pour laquelle il risque une longue peine de prison. Elle l'a toutefois exonéré de la charge de collusion avec l'ennemi. Selon le verdict lu par la juge Denise Lind, Manning encourt jusqu'à 136 ans de prison après avoir été reconnu coupable de 20 des 22 charges dont il était accusé, en particulier cinq condamnations pour violations de la loi sur l'espionnage de 1917. Agé de 25 ans, le frêle soldat vêtu d'un uniforme bleu, de fines lunettes sur le nez, a écouté le verdict au côté de son avocat civil David Coombs. Il risquait la réclusion à perpétuité s'il avait été reconnu coupable d'avoir aidé l'ennemi, en l'occurrence Al-Qaïda, en transmettant 700 000 documents confidentiels au site qui les a publiés. La juge a ensuite passé en revue chacun des 21 autres chefs d'accusation. Elle n'a décrété l'accusé innocent que de l'un d'entre eux, pour la "possession non autorisée et la transmission volontaire" de la vidéo sur la bavure d'une attaque aérienne dans un village afghan faisant des dizaines de victimes civiles.
Espionnage et fraude informatique Mais sur la base militaire de Fort Meade, au nord de Washington, où se tient depuis début juin le procès en Cour martiale, la juge militaire a reconnu le jeune homme coupable de plusieurs chefs de violation de la législation sur l'espionnage, de vols d'informations aux forces armées et de transmission illicite de câbles diplomatiques ou encore de 250 000 documents du département d'Etat. Il a également été reconnu coupable de désobéissance au règlement militaire, de fraude informatique, en insérant un logiciel non autorisé dans le système informatique de l'armée, en détournant les mécanismes de sécurité de ce système et en stockant de manière illicite des informations classifiées. Parmi les premiers à réagir, WikiLeaks a estimé sur Twitter que le verdict illustre un "dangereux extrémisme, en matière de sécurité nationale, de l'administration Obama" et parle de "nouveau précédent très grave en matière de divulgation d'informations à la presse". "Je m'attends à ce que l'affaire fasse l'objet d'un appel", a quant à lui déclaré Julian Assange, qualifiant la condamnation pour espionnage du soldat d'"absurde".