Les fortes pluies par intermittence n'ont pas empêché de nombreux électeurs d'affronter les intempéries pour aller voter, hier. Ainsi près de 6,9 millions de Maliens ont voté pour choisir entre Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé, arrivés en tête du premier tour de la présidentielle le 28 juillet dernier. Les résultats définitifs de l'élection seront proclamés d'ici cinq jours. Ce scrutin est censé sortir leur pays de dix-huit mois d'une grave crise politico-militaire. Cette crise a éclaté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touareg dans le nord du pays, suivie en mars 2012 par un coup d'Etat qui a renversé le président élu Amadou Toumani Touré, et par la prise du contrôle du Nord par des groupes armés avant d'en être chassés en 2013 par une intervention militaire internationale lancée par la France. A l'issue du premier tour, Ibrahim Boubacar Keïta est arrivé en tête avec 39,79% de suffrages, suivi par Soumaïla Cissé, avec 19,70% des voix. La participation à ce second tour est particulièrement suivie après le bon score du premier : près d'un électeur malien sur deux (48%) s'était déplacé aux urnes le 28 juillet dernier. C'est ce qui fait dire au président de transition, Dioncounda Traouré que le vote est "satisfaisant", et le taux de participation au premier tour, 48,89%, "est un record". M. Traoré a fait cette déclaration à la sortie d'un centre de vote à Bamako où il a accompli son devoir électoral. Les deux candidats, Soumaïla Cissé et Ibrahim Boubacar Keita ont voté. Le premier est arrivé aux alentours de 9h30, dès que la pluie a cessé. Habillé de blanc, il a dit sa fierté d'avoir voté et de " tout ce que le peuple malien a accompli au cours de cette année ". Il a également lancé un appel au calme et à la quiétude, tout en affirmant être " très confiant quant aux résultats ". Le second est allé voter vers 10h40, avec son épouse, dans un bureau de son quartier. Il était attendu par de nombreux sympathisants qui ont scandé son nom. Entouré de nombreux candidats éliminés au premier tour, il s'est exprimé devant les médias. " Tolérance zéro pour la corruption " et "promotion de la compétence", a-t-il clamé tout en appelant au calme. Il s'est aussi adressé aux populations du Nord, lançant que l'on " ne peut pas bâtir un pays si tous les fils et toutes les filles ne sont pas là". Cette pluie risque d'avoir une incidence sur la participation à ce second tour qui oppose deux vétérans de la vie politique malienne, Ibrahim Boubacar Keïta, 68 ans, et Soumaïla Cissé, 63 ans. En raison de la météo, les Maliens sont moins nombreux que pour le premier tour dans la capitale. Les plus courageux se sont déplacés pour voter voire faire la queue. De manière générale, 90% des bureaux de vote ont été ouverts à l'heure. Ce taux, en deçà de celui du premier tour (96%), s'explique par la forte pluviosité enregistrée notamment dans les régions de Bamako, Koulikoro et Kayes. A l'ouverture des bureaux, 90,7% des membres des bureaux de vote étaient présents. L'essentiel des documents et matériels électoraux étaient en place. Ce qui a permis le démarrage effectif des opérations de vote. En somme, hormis quelques dysfonctionnements relevés, concernant notamment la disposition inadéquate de certains isoloirs, et le non affichage des listes d'identification devant certains bureaux de vote, qui sont signalés par la Chambre politique du POCE et corrigés au fur et à mesure par les autorités électorales, les opérations de vote se déroulent normalement sur l'étendue du territoire national. La sécurité du scrutin reste un enjeu important : l'armée malienne et les forces sous drapeau onusien, appuyées par les soldats français, ont été déployées, particulièrement dans le nord du pays, comme au premier tour. Dans les grandes villes et régions administratives du nord du pays, Gao, Tombouctou et Kidal, le vote se déroulait sans incidents. "Il y a un engouement pour ce second tour" à Gao, a déclaré Ousmane Maïga, membre d'un collectif de jeunes de la ville. A Tessalit, ville de la région de Kidal (extrême nord-est), où la participation avait été très faible au premier tour, la pluie a provoqué de fortes inondations il y a deux jours et les opérations de vote ont commencé "timidement", selon une source administrative dans la zone. Un réseau de quelque 2 000 observateurs maliens indépendants s'est réjoui dans un communiqué du bon déroulement du scrutin, notant cependant que moins de bureaux avaient pu ouvrir à temps en raison des fortes pluies dans les régions de Bamako; Koulikoro et Kayes (sud). Les bureaux de vote devraient fermer, au moment où on mettait sous presse. Mais encore faut-il bien rappeler que les résultats du scrutin ne seront connus que dans cinq jours...