Les lectrices et les électeurs maliens ont voté librement, le scrutin présidentiel de dimanche dernier a été entouré d'une sécurité totale pour tous, minimisant les possibilités de fraude, permettant aux Maliens de voter librement. Ils avaient conscience que leur pays vivait un moment fort, à prendre au sérieux la construction du Mali de demain. Ils ont ainsi refusé la pression du terrorisme. Cela a fait dire au représentant spécial de l'ONU que cette élection est une étape importante dans la transition du Mali vers la paix et la réconciliation. " Il y a eu de petites imperfections… mais l'absence de violences a été impressionnante dans un pays sortant à peine d'un conflit ", a-t-il souligné dimanche. Dans le camp du candidat malheureux à ces élections, Soumaïla Cissé, malgré quelques grincements, on est satisfait : " C'est la démocratie, il faut accepter la défaite. Cissé a reconnu avoir perdu. Il faut féliciter celui qui a gagné. Cissé a montré l'exemple à tout le monde ", déclare-t-on. Ces propos du camp vaincu, éclairent sur la volonté commune des Maliens à se défaire de la crise qui persiste depuis 2012. Une invitation à l'effort et à la solidarité nationale : tout est mis œuvre, mais le malaise reste profond dans le pays. L'atmosphère de " combativité " du peuple malien qui a entouré ce scrutin montre que c'est là le bon choix de la démocratie, un préalable à la solution de tous problèmes politiques, économiques et sociaux de ce pays. Ainsi, le vouloir ardent des Maliens à se réconcilier ne trompe plus et Al-Qaïda ne leur fait plus peur, et seul s'agite aujourd'hui, autour du nouveau président malien, la revendication de l'autonomie du nord du pays mais aussi le marasme économique, financier et social qui frappe le pays de plein fouet. Pour les Maliens qui ont contribué au succès de cette élection présidentielle, ce sont d'abord et avant tout, le rejet à l'avenir de l'imprévoyance, la mauvaise gestion, l'égoïsme à courte vue d'une caste de bureaucrates et de militaires soucieux de s'enrichir. En effet, durant ces deux dernières années, les citoyens maliens qu'ils soient dans le milieu urbain ou rural ont été " pressurés " à la fois par cette caste mais aussi par les groupes terroristes et qui, justement, ont été mis en cause par les électeurs à la faveur de ce scrutin. Dans ces conditions nouvelles, le recouvrement de la confiance entre les Maliens rend possibles toutes les promesses et tous les engagements du nouveau chef d'Etat. Elu à travers une légitimité populaire, reconnue à la fois par ses adversaires et l'ensemble de la communauté internationale, Ibrahim Boubacar Keïta, très certainement encouragé par le soutien d'une base populaire forte et de la reconnaissance internationale, jouit d'une large manœuvre politique de sauver son pays de ses contradictions inextricables. Les Maliens à travers ce scrutin viennent de prouver leur forte maturité politique. Cela est de bon augure pour la suite, surtout qu'ils ont pris conscience que cette élection n'est que le début et on parle même, de la création d'une commission " Justice et Paix ". Pour eux, il est temps d'en finir avec le malaise social et politique qui règne dans le pays. Mais aucun changement n'est possible sans l'aval de la majorité populaire, souligne-t-on à Bamako. Ce qui est sûr, en tout cas, les Maliens tiennent à poursuivre ce processus de retour à la légitimité et exigent du nouveau chef d'Etat, l'organisation des élections législatives, la réhabilitation du rôle de l'armée malienne pour la défense du pays et de sa souveraineté. Boubacar Keïta parviendra-t-il à sortir son pays de ce dangereux engrenage persistant depuis deux ans ? Et comment ? Deux questions qui ne peuvent pas rester longtemps sans réponse.