Le gouvernement libyen a menacé, avant-hier soir, de recourir à la force contre des agents de sécurité de sites de pétrole qui bloquent depuis plusieurs semaines des terminaux pétroliers, les accusant de vouloir commercialiser le brut à leur profit. Un groupe des gardes des installations du pétrole de la région du Centre a décidé d'emmener des bateaux +par leurs propres moyens+ pour exporter le pétrole à leur profit, a affirmé le Premier ministre Ali Zeidan Zeidan sur la télévision publique al-Wataniya. Il a averti que tout bateau non lié par des contrats avec la Compagnie nationale de pétrole (NOC) et qui s'approcherait des ports pétroliers sera bombardé par voie aérienne ou maritime. Selon lui, cette décision a été prise en coordination avec le Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique et législative du pays. Si le blocage de ces terminaux pétroliers se poursuivait, l'Etat sera dans l'obligation d'user de son pouvoir et de toutes les forces dont il dispose y compris l'armée, a ajouté M. Zeidan. Ce groupe des gardes des installations a fermé ces deniers jours les terminaux pétroliers de Brega, Zueitina, Ras Lanouf et Sedra (est) et empêché les bateaux de charger leurs cargaisons conformément aux accords avec la NOC, a précisé M. Zeidan. Chargée de la sécurisation des sites pétroliers, cette unité des gardes des installations du pétrole bloque depuis plusieurs semaines plusieurs ports pétroliers et accuse notamment le Premier ministre et le ministre du Pétrole d'avoir commercialisé du brut en dehors des circuits habituels. Un accord a été trouvé avec le comité de médiation (avec les protestataires) pour la formation d'une commission composée de juges afin d'enquêter sur le fondement de ces accusations, a par ailleurs indiqué M. Zeidan, en présence des ministres du Pétrole, de la Défense et des Affaires étrangères. Ces troubles ont affecté l'économie, a affirmé de son côté le ministre du Pétrole Abdelbari al-Aroussi, précisant que depuis le 25 juillet la Libye a perdu 1,600 milliard de dollars. Selon lui cette situation a entamé la crédibilité de la Libye sur le marché mondial du pétrole, affirmant que certains clients se détournent de la Libye vers d'autres marchés pour s'approvisionner. La production quotidienne, qui s'établit depuis début août à 700 000 barils par jour, était tombée fin juillet à 330 000 b/j à cause de mouvements de protestation dans les principaux terminaux pétroliers du pays. La production de pétrole, qui dépassait les 1,6 million b/j avant le conflit qui a mené à la chute de Khadafi, est presque tombée à zéro durant le conflit. Mais après la chute du régime, renversé par une rébellion armée, elle a en quelques mois retrouvé quasiment son niveau d'avant-guerre, malgré un climat d'insécurité.