Le développement des wilayas du sud du pays devient une préoccupation majeure des pouvoirs publics. Pour ce, les débats concernant la meilleure méthode de développement ne cessent d'être organisés. De ce fait, les participants à la rencontre sur le thème "Le Sud, quelles alternatives ?" ont appelé, hier à Alger, à repenser les relations entre pays du Sud et à unir leurs actions pour des alternatives à même de contrecarrer la "pensée unique" imposée par le néolibéralisme. Ils ont exhorté les pays de l'hémisphère Sud de la planète à réorganiser et à approfondir leurs relations et actions pour sortir de l'emprise de la pensée unique du système du néolibéralisme "prédateur", lequel "détruit" les relations sociales. Intervenant à l'occasion de cette rencontre qu'abrite la Bibliothèque nationale d'Algérie du 25 au 30 septembre, l'universitaire et économiste sénégalais Cherif Salif SY a cité l'exemple de son pays où "le système de libéralisation a détruit les filières agricoles, paupérisant ainsi davantage les populations rurales". En ce sens, il a estimé que l'agriculture au Sénégal et en Afrique devait apporter une valeur ajoutée. Or, a-t-il fait observer, les pays africains "sont pris dans l'engrenage des institutions financières internationales qui dictent des plans d'ajustement structurels profitant beaucoup plus au néolibéralisme". Ace propos, les participants ont préconisé, au cours de leurs interventions, de "ne plus laisser les institutions internationales penser et décider à la place des pays du Sud", car "il y va de leur souveraineté", ont-ils souligné. Abondant dans le même sens, l'universitaire mexicain, Pavel Blanco, a indiqué que le néolibéralisme a déstructuré l'agriculture et les relations sociales, "ce qui a encouragé la corruption, soutenue par les narcotrafiquants au sud du Mexique". Pour sa part, l'économiste et sociologue marocaine, Hassina Drissi-Chalbi a estimé que les élites du Sud "ont une grande responsabilité" en ce sens qu'elles doivent susciter un débat sur l'économie spéculative, imposée par le néolibéralisme". Pour cette consultante au sein des organisations internationales, ce débat doit aboutir à des "alternatives à l'économie spéculative en repensant le système de production et de consommation des pays du Sud". Elle a suggéré, pour les pays musulmans, l'alternative de la "finance islamique" basée sur "la régulation de la finance, la réduction des risques et la suppression des surprimes qui incitent à la consommation". Toutefois, elle a relevé que "l'échec" de l'islam politique n'a pas permis à la finance islamique de se développer et d'aller vers un nouvel ordre économique alternatif au néolibéralisme, citant, à cet effet, l'exemple de la Turquie et de l'Indonésie. La rencontre "Le Sud, quelles alternatives ?" entre dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance. Elle réunit des penseurs de 25 pays, engagés et connus pour leurs publications et leur rôle d'animateurs de centres de recherches "influents". Organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), les éditions Apic et le ministère de la Culture, en collaboration avec le Forum mondial des alternatives (FMA) et le Forum du tiers-monde (FTM), cette rencontre intervient à un moment de questionnements théoriques pressants sur l'avenir du monde dans des directions associant le progrès social, l'invention des formes de la démocratisation et l'affirmation des souverainetés nationales.