Vingt-cinq années après ces événements aucune thèse officielle ne semble pouvoir expliquer à l'opinion les vraies causes ayant été à la base de ces émeutes qui ont fait officiellement 100 morts et plusieurs centaines de blessés, à l'époque de feu le président Chadli Bendjeddid qui avait accuser sans le caché une partie de l'appareil du FLN d'être à l'origine du 5 octobre 1988. " Plusieurs responsables de l'appareil du parti, et d'autres aussi, étaient contre la démocratie que j'essaye d'appliquer, la démocratie, la liberté de la presse et le fait de permettre au peuple de choisir ses représentants allaient mettre la lumière sur les erreurs des responsables. Tout cela mettrait en danger les avantages qu'ils avaient obtenus grâce au parti unique ", avait déclaré le président Chadli Bendjeddid. L'instauration du pluralisme politique après les événements du 5 octobre 1988 n'a pas été effectuée sans risque. La précipitation par laquelle les changements opérés par le président Chadli ont été fatale pour l'Algérie de l'avis de tout le monde et où l'ANP a évité un coup d'Etat contre la République. Dans sa précipitation, le président Chadli a commis certaines erreurs qui, par la suite, ont coûté très cher au peuple, au pays et à l'économie nationale. Les agréments accordés aux mouvements islamiques, en violation aux textes et aux lois de la République, c'est le cas pour le Hamas et le FIS alors que les lois en question stipulent qu'aucun parti politique ne peut être fondé sur une base religieuse, linguistique, raciale, de sexe, corporatiste ou régionale. Cette présence de partis islamiques au mépris de la Constitution du pays, leur a permis de participer aux échéances électorales, permettant au FIS de remporter le scrutin des élections locales de 1990. Ce parti en instrumentalisant l'islam à des fins politiques a encore remporté les élections législatives organisées le 26 décembre 1991. En 1988, le cadre politique national a pris un violent coup. Les jeunes de l'époque, sortis dans les rues, ont exprimé les carences, les insuffisances et autres maux qui faisaient l'actualité des situations négatives de la société algérienne. Et même si le mot "société civile" a commencé à prendre racine à partir de 1988 pour exiger plus de démocratie et de transparence, certains milieux n'ont pas donné l'occasion à cette dynamique de la démocratie de la vie de s'exprimer dans le pays. La démarche en elle-même a été déviée par des politiciens. Le phénomène de l'avènement du FIS a été un caractère négatif dans l'avancée de la démocratie. Il était symptomatique d'une situation dramatique et d'un éventuel retour en arrière. Analyses et débats au lendemain de ces événements font ressortir que ce fut le début de la fin d'un règne sans partage avec le parti unique et sa poigne de fer qui a verrouillé le paysage politique, l'échec du ménage organique entre le FLN et les organisations de masse. Les fameux articles 120/121 ont été largement dénoncés par la nouvelle société civile pour avoir justement permis la caporalisation des appareils et le dysfonctionnement entre la base et le sommet. Il convient également de rappeler que le début des années 80 correspondait avec l'euphorie d'un baril à 40 dollars. Le pays découvrait le PAP (programme anti-pénurie), le début de la "bazardisation" à coups de devises. Lorsque la situation a commencé à se dégrader et qu'il apparut évident que le pouvoir, au lieu de se rapprocher du peuple, s'en séparait davantage, on a prévenu du danger que représentait la situation sociale. En haut lieu on faisait la sourde oreille. Le régime en place avait l'air de démissionner face aux problèmes qui s'abattaient sur le pays. Aucune décision n'est venue pour rétablir, du moins en partie, le dialogue avec le peuple. Aussi dans les milieux populaires commence-t-on à soupçonner que l'intérêt de la nation ne concerne plus personne ; il s'agissait surtout de contenir l'influence des forces occultes qui tentaient de plonger le pays dans une guerre civile. Par ailleurs, les conséquences d'octobre 1988 ont été mal gérées, sans aucune prise de conscience sur la réalité de la société et les institutions. Les politiques de l'époque se sont rendus à l'évidence d'essayer de mettre à profit ce bouillonnement populaire pour adopter de nouveaux réflexes, et s'adapter aux nouveaux changements qui se dessinaient. Le diagnostic de la situation du pays et la localisation des insuffisances, que le peuple a désignées à profusion, n'ont pas été pris en compte. Le pouvoir, malgré ces émeutes, n'a pas réussi à assainir les situations générées par octobre 88. La réorganisation générale du pays n'a pas permis la mise en marche d'une médication appropriée. En effet, ni les rôles ni les prérogatives n'ont été clarifiés, ce qui a donné l'occasion aux dirigeants du FIS de s'approprier les revendications populaires pour en faire un registre du commerce politique. La suite des événements est connue.