Les travaux de la 15ème session extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) consacrés aux relations de l'Afrique avec la Cour pénale internationale (CPI) ont débuté hier à Addis-Abeba (Ethiopie) avec la participation du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, représentant du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Le Premier ministre a été accompagné du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Madjid Bouguerra, et du ministre de la Communication, Abdelkader Messahel. Le but de ce sommet selon les dirigeants est d'examiner le rapport qui a été établi par le Conseil exécutif de l'UA, vendredi tard dans la nuit, sur la mise en œuvre de la décision relative à la juridiction internationale, la justice et la CPI. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal qui s'est exprimé lors de ce sommet extraordinaire a indiqué que l'ouverture d'enquêtes à caractère judiciaire par les tribunaux de pays européens à l'encontre de responsables africains dans le cadre de la pratique dite " compétence universelle ", tend à " imposer, indûment ", une présomption de culpabilité. Il a de plus affirmé que " l'ouverture d'enquêtes à caractère judiciaire par les tribunaux de pays européens à l'encontre de responsables africains dans le cadre de la pratique dite compétence universelle tend à imposer indûment une présomption de culpabilité là où la présomption d'innocence doit prévaloir ". Dans ce sens, le Premier ministre qui représente le président Bouteflika à ce sommet, a fait observer que les activités de la CPI durant ses onze dernières années d'existence, ont porté " exclusivement " sur l'Afrique, alors que, a-t-il ajouté, " des situations inacceptables dans d'autres régions du monde ont été ignorées ". M. Sellal a rappelé que durant cette phase, il y a eu l'émission d'un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar El Bachir et la mise en accusation du président et du vice-président, démocratiquement élus, du Kenya, soulignant que l'UA demeure la seule organisation internationale dont le texte fondateur consacre l'impératif de lutte contre l'impunité. Il a également rappelé que l'UA a, à maintes fois, sollicité " vainement " le Conseil de sécurité des Nations unies à faire usage de l'article 16 du statut de la CPI en ce qui concerne les poursuites engagées contre le président du Soudan et le renvoi des affaires concernant le Kenya. A cet effet, le ministre a ajouté que " ces positions (de l'UA) sont justes et justifiées (...), notre unité et notre persévérance dans leur défense leur donnent naturellement un surcroît d'autorité politique et morale ". Par ailleurs, il a relevé que l'engagement de l'Afrique à lutter contre l'impunité se conjugue avec l'attachement des pays du continent à leur indépendance et à leur souveraineté ainsi qu'avec l'exigence de solutions africaines aux problèmes de l'Afrique pour diriger une " lumière crue " sur la sensibilité et la complexité de la problématique de la relation de l'Afrique avec la Cour pénale internationale. Tout en soulignant que " sur cette problématique se greffe la question des abus avérés, par des juridictions étrangères, de la pratique dite compétence universelle ". Le Premier ministre a en outre indiqué que l'Algérie se " réjouit du renforcement continu " de l'action africaine collective pour promouvoir les principes et les objectifs de l'Union à travers le continent dans le monde. Selon lui, " ce sommet est une précieuse opportunité pour imprimer, sur les relations internationales, l'empreinte de nos préoccupations et de nos intérêts légitimes, singulièrement comme en matière de justice et de droit qui sont indissociables du combat que l'Afrique mène (...) à travers son histoire pour la dignité de la personne humaine et pour celle de tous les peuples ". Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a indiqué que " les conclusions recommandées aux chefs d'Etat africains, devront prendre en charge nos responsabilités envers nos peuples et affirmer notre rang dans le concert des nations ". Tout en soutenant que " la problématique de la justice internationale des pays africains doit intégrer la nécessité du respect de la souveraineté et de l'indépendance nationale de ces pays ". Il a, par la même occasion, réaffirmé la solidarité de l'Algérie avec le Kenya et le Soudan " qui ne sont pas seuls dans ce combat, car, au delà de ces deux cas, a-t-il relevé, c'est " la destinée de l'ensemble du continent qui est en jeu ". Le ministre algérien a également réaffirmé que la décision du sommet " doit refléter tous les aspects de la justice internationale intégrant la nécessité du respect de la souveraineté et de l'indépendance nationale des pays africains ". Quant au chef de la diplomatie éthiopienne qui s'est exprimé sur les relations des pays africains avec la CPI et l'éventuel retrait de certains pays a indiqué que l'UA allait demander à l'ONU l'ajournement des procédures de la Cour pénale internationale contre les présidents et vice-président kenyans et contre le président soudanais. Dans ce sens, le sommet africain va tracer une nouvelle vision pour l'Afrique sur la base de l'appel lancé récemment par certains Etats africains à revoir leurs relations avec la CPI. A cet effet M. Lamamra avait déclaré lors de son allocution prononcée devant le Conseil exécutif qu'il est " urgent de restaurer des relations égalitaires entre Etats souverains qui ne doivent pas être justiciables des tribunaux les uns des autres ". Cette session extraordinaire du Conseil exécutif de l'UA a été marquée également par l'élection de l'ambassadeur algérien Smail Chergui au poste de Commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA. M. Chergui, qui succède à son compatriote Ramtane Lamamra, nommé ministre des Affaires étrangères, sera confirmé samedi dans son poste par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA qui se réuniront en sommet extraordinaire.