La hausse des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation en Chine, s'est accélérée en septembre, à 3,1% sur un an, contre 2,6% en août, a rapporté cette semaine le Bureau national des statistiques (BNS). L'indice des prix à la consommation du BNS, qui enregistre sa plus forte hausse depuis sept mois, est supérieur aux attentes des analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, qui tablaient sur une inflation de 2,9%. Sur l'ensemble des neuf premiers mois de 2013, les prix à la consommation ont enregistré une progression de 2,5% par rapport à la même période de l'année précédente, a précisé le BNS dans un communiqué. Cet indice est suivi de près par Pékin qui redoute que la hausse des prix alimentaires, qui frappe davantage les ménages les plus défavorisés, ou l'envolée des prix immobiliers, n'attisent les mécontentements sociaux dans ce pays de plus de 1,3 milliard d'habitants. De fait, comme les mois précédents, l'inflation en septembre a été principalement entretenue par un renchérissement des prix alimentaires, qui ont gonflé de 6,1% sur un an, notamment en raison de la forte progression des prix des céréales, de la viande (+5,9% sur un an pour le porc, +21,9% pour le bœuf) et des légumes frais (+18,9% sur un an). Les prix des œufs ont quant à eux bondi de 7,1% par rapport à août. "L'inflation pour les prix alimentaires est assez élevée, en raison de la célébration de la fête de la mi-automne et des (préparatifs) de la fête nationale, ainsi que de facteurs saisonniers, mais aussi à cause de dégâts dus à la sécheresse et aux inondations dans certaines régions", a expliqué Yu Qiumei, un expert du BNS, dans un commentaire distinct. La baisse des températures à l'arrivée de l'automne et l'augmentation des prix de l'essence ont également contribué à renforcer l'inflation, a précisé le BNS. "On peut s'attendre à voir l'inflation s'accélérer à nouveau au quatrième trimestre, et il y a des risques croissants de la voir dépasser le plafond officiel des 3,5% sur certains mois de 2014", a souligné Zhang Zhiwei, analyste de Nomura. En 2012, l'inflation en Chine était tombée à 2,6%, contre 5,4% l'année précédente, tandis que la croissance économique du pays diminuait dans le même temps, de 9,3% en 2011 à 7,7% l'an dernier -- au plus bas depuis treize ans. "Cette inflation accrue est une des raisons pour lesquelles l'actuelle reprise de l'économie chinoise ne devrait pas être durable", a poursuivi M. Zhang. Selon lui, "la politique monétaire du pays devrait se durcir après un plénum du Parti communiste chinois en novembre", afin d'endiguer la hausse des prix, et ce en dépit d'un ralentissement attendu de la croissance. "Le Premier ministre Li Keqiang va très probablement modérer sa réthorique +pro-croissance+", en faveur de mesures stimulant l'activité, "et devrait progressivement adopter un discours plus neutre", ont abondé les économistes de Bank of America Merrill Lynch. Néanmoins, "le gouvernement ne va sans doute pas mettre brutalement un terme à des mesures de soutien à l'économie simplement parce que l'inflation entre dans la zone des 3% à 3,5%", ont-ils tempéré. Un net ralentissement de la croissance chinoise à 7,5% au deuxième trimestre avait avivé les craintes d'un essoufflement de la deuxième économie mondiale, poussant Pékin à annoncer fin juillet des "mesures d'ajustement" dont des réductions d'impôts, pour stimuler l'activité. Depuis, une série de statistiques très encourageantes publiées en août et en septembre avaient confirmé une embellie relative de la conjoncture. De son côté, l'indice mesurant l'évolution des prix à la vente des produits à leur sortie d'usine (PPI) s'est replié de 1,3% sur un an en septembre selon le BNS, une baisse moins sévère qu'en août et moins forte qu'attendu par les analystes. Sur un mois, il a crû de 0,2%, son deuxième mois consécutif de légère hausse après 5 mois de déflation.