Les cours du pétrole coté à New York ont clôturé avant-hier sous la barre des 95 dollars pour la première fois depuis juin, pâtissant de la montée continue des réserves de brut aux Etats-Unis et d'un renforcement du dollar. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en décembre a chuté de 1,77 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour terminer à 94,61 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à la même échéance a terminé à 105,91 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 2,93 dollars par rapport à la clôture de la veille. Ce net mouvement est clairement une réaction à la situation actuelle d'abondance de l'offre et de la hausse de la production en Amérique du Nord, selon David Bouckhout de TD Securities. Au cours des six semaines passées, les stocks de brut ont en effet grimpé d'environ 28 millions de barils aux Etats-Unis, une augmentation jugée de mauvais augure pour la demande de pétrole dans le pays, premier consommateur d'or noir au monde. Cette hausse est la conséquence directe de l'explosion de l'extraction de brut dans le pays, rendue possible par les nouvelles techniques d'exploitation comme la fracturation hydraulique. Dans le même temps la demande ne suit pas aux Etats-Unis. La période actuelle est traditionnellement une saison de faible consommation, notamment en raison de la maintenance effectuée dans les raffineries, explique David Bouckhout. De plus, entre la demande estivale d'essence, lors de la période des grands déplacements, et la demande hivernale pour le chauffage, l'automne est généralement une période où la consommation de produits pétroliers est moindre. Mais les perspectives de croissance de la demande sont aussi peu encourageantes, selon Carl Larry de Oil Outlooks and Opinion. De façon générale la croissance reste fragile aux Etats-Unis, les chiffres sur les demandes d'allocation chômage publiés jeudi ont ainsi encore montré que le marché de l'emploi s'améliorait, mais moins qu'espéré. Et si l'économie ne parvient pas à croître, la demande en énergie ne peut pas non plus, explique-t-il. Ces inquiétudes sur la vigueur de la demande énergétique ont en tout cas relégué au second plan des données pourtant correctes sur la production manufacturière en Chine, deuxième consommateur de brut au monde, note Matt Smith de Schneider Electric. Selon l'indice PMI des directeurs d'achat compilé par la Fédération chinoise de la logistique et des achats (CFLP), la production manufacturière y est montée à son plus haut niveau depuis 18 mois, ce qui confirme le regain d'activité enregistré au troisième trimestre. Les cours du brut sont aussi entraînés vers le bas par le renforcement du dollar, qui rend moins attractifs les achats de brut libellé en billet vert pour les investisseurs munis d'autres devises. La monnaie américaine profite nettement du recul de l'euro, plombé par les spéculations sur une possible intervention prochaine de la banque centrale européenne après l'annonce d'une inflation atone et d'un chômage record dans la zone euro. En Asie, les cours du pétrole s'affichaient en léger repli dans les échanges matinaux la forte hausse des stocks aux Etats-Unis étant contrebalancée par la perspective d'une reprise progressive des raffineries américaines après de longues opérations de maintenance. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en décembre lâchait cinq cents à 96,33 dollars tandis que le Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance cédait neuf cents, à 108,75 dollars. Selon l'analyste Vanessa Tan de Phillip Futures, l'attention des investisseurs devrait désormais se porter sur la reprise complète de l'activité de raffinage aux Etats-Unis, en particulier dans le golfe du Mexique. "La fin de la saison de maintenance doit faire monter la demande de brut américain par les raffineries", a-t-elle estimé, précisant que "la baisse de l'offre pourrait soutenir les cours du pétrole américain.