Le pétrole new-yorkais a fini en baisse, avant-hier, suite à l'accord sur le programme nucléaire iranien, mais ce recul a été limité par le fait que les investisseurs ne s'attendent pas à une augmentation immédiate de l'offre mondiale. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) a cédé 75 cents, pour s'établir à 94,07 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a terminé à 111,00 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 5 cents par rapport à la clôture de vendredi. Le WTI a touché un plancher à 93,08 cents en cours de séance, un plus bas en cinq mois, avant de se ressaisir. La baisse a été contenue car les investisseurs réalisent que cela va prendre un certain temps avant que l'on voit dans la réalité une offre importante venant d'Iran, souligne Carl Larry, de Oil Outlooks and Opinions. Et même si l'Iran est un producteur majeur, c'est aussi un pays qui consomme beaucoup, ce qui pourrait limiter ses exportations d'or noir, poursuit Carl Larry. Un accord historique a été conclu après des négociations difficiles entre les grandes puissances et l'Iran sur son programme nucléaire controversé ce week-end à Genève. La république islamique acceptera de limiter ses ambitions nucléaires en échange d'un allègement des sanctions économiques, et notamment d'un embargo sur ses exportations de pétrole. Selon l'Agence américaine d'information énergétique (EIA), les sanctions des Etats-Unis et de l'Union européenne ont fait chuter les exportations iraniennes de brut à 1,5 million de barils par jour (mbj) en 2012, contre 2,5 mbj en 2011. Les analystes estiment qu'à terme, une levée complète des sanctions (et donc de l'embargo sur les exportations de pétrole) conduirait au retour d'environ 1 mbj de brut iranien sur un marché mondial déjà bien approvisionné, ce qui pèse sur les cours du brut. Mais si les tensions se relâchent de ce côté, elles n'ont pas disparu du Moyen-Orient en général, rappelle Carl Larry. Phil Flynn, de Price Futures Group, observe ainsi que la situation chauffe en Syrie et en Libye, ce qui maintient une certaine prime de risque géopolitique appliquée au baril. Les rebelles syriens, dont des jihadistes du Front Al-Nosra affilié à Al-Qaïda, ont notamment pris le contrôle d'un champ de pétrole dans l'est de la Syrie, l'un des plus grands du pays, a rapporté samedi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. En Libye, de violents affrontements entre l'armée et le groupe jihadiste Ansar Ashariaa ont fait au moins huit morts et une cinquantaine de blessés à Benghazi. En Asie, les cours du pétrole se repliaient dans les échanges matinaux, première région à négocier après la conclusion de l'accord ce week-end entre les grandes puissances et l'Iran, gros producteur pétrolier, pour contenir le programme nucléaire de Téhéran. Le Brent affichait une baisse de 2,51 dollars à 108,54 dollars (-2,26%) tandis que le baril de "light sweet crude" (WTI) cédait 89 cents à 93,95 dollars (-1%), dans la matinée. Après cinq jours d'âpres négociations, les grandes puissances et l'Iran ont annoncé dans la nuit de samedi à dimanche un accord au terme duquel la République islamique acceptera de limiter son programme nucléaire en échange d'un allègement des sanctions économiques. Cet accord ouvre une nouvelle période de pourparlers sur le fond pendant six mois. Les Occidentaux et Israël soupçonnent Téhéran de dissimuler un volet militaire derrière son programme civil, ce qu'il nie. L'accord de dimanche desserre l'étau de certaines sanctions qui pèsent sur l'Iran et étranglent son économie. Depuis plusieurs jours, le marché pétrolier suivait avec attention les négociations à Genève. En cas d'accord, estimaient plusieurs analystes, cela pourrait in fine conduire à une levée de l'embargo sur les exportations pétrolières de l'Iran et ainsi conduire au retour d'un million de barils de pétrole supplémentaires par jour sur le marché mondial. Les analystes avancent que les cours actuels comprennent une prime comprise entre 5 et 10 dollars par baril, liées à la situation iranienne et l'instabilité géopolitique qu'elle génère dans la région du Moyen-Orient. Mais à court terme, "l'impact de l'accord sur l'offre pétrolière mondiale sera limité car la plupart des sanctions restent en place" pour le moment, a souligné lundi Victor Shum, directeur chez IHS Purvin and Gertz à Singapour. Les experts soulignent également qu'une hausse des exportations iraniennes, en cas de levée des sanctions dans ce domaine, pourraient être compensées par une baisse des exportations de l'Arabie saoudite. Les deux pays appartiennent au cartel de l'Opep. L'accord "ne veut pas dire qu'il va y avoir un brusque afflux de pétrole sur le marché, car l'Iran est un membre de l'Opep et toute augmentation des quantités de pétrole iranien devra se faire dans le cadre des quotas" de l'organisation, a souligné Stuart Ive, de OM Financial, à l'agence Dow Jones Newswires.