C'est avant-hier que s'est ouverte, à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, la 7ème édition du salon Djurdjura des arts plastiques. Celle-ci est dédiée à la mémoire de Lazhar Hakkar, célèbre artiste peintre qui s'est éteint le mois de septembre dernier. Le salon a réuni des artistes de tous âges, en permettant de faire sortir de l'ombre ceux qui n'ont pu s'imposer malgré un talent avéré. A cette occasion, le plasticien Mohamed Boukerche a affirmé que Lazhar Hakkar est l'un des artistes peintres algériens que l'on peut présenter comme "le peintre de la mémoire". Par ailleurs, il a expliqué que la mémoire et le patrimoine constituaient la source d'inspiration de Hakkar, qui avait le souci de "peindre ce que ressent le peuple", selon ses propre déclarations. Les figurines présentes dans ses toiles ne sont là que pour véhiculer cette mémoire et rendre compte des faits de l'histoire de l'Algérie, pendant la colonisation, a ajouté M. Boukerche. Ce conférencier a rappelé que Lazhar Hakkar a été marqué par deux événements majeurs qu'il a vécus comme deux grandes blessures et qui vont par la suite imprégner toute son œuvre. Lazhar enfant, a connu l'horreur de la guerre à travers les massacres commis par le colonialisme français contre le peuple algérien, et dont la région natale, Khenchela, avait payé un lourd tribut. Adulte, il vit l'horreur de la décennie noire, pendant laquelle il a exorcisé sa peur à travers la peinture. L'une des œuvres majeures de Lazhar Hakkar est "Reggane, pour que nul n'oublie", sur les essais nucléaires français effectués en 1960 à Reggane. "Lazhar Hakkar était révolté contre les responsables de l'Etat français qui ne voulaient pas demander pardon à l'Algérie pour les massacres commis durant la période coloniale", a observé le conférencier. L'enfant de Khenchela a également réalisé plusieurs toiles inspirées du patrimoine algérien dont "La Traversée de la mémoire", une toile de 8,5m sur 3,5m. "Dans mes tableaux, je traite d'un voyage dans la mémoire. Je parle de Hizia, de Reggane, des inondations de Bab El-Oued, et autres phénomènes de la mémoire algérienne", disait Lazhar Hakkar à propos de son œuvre. Artiste accompli, le peintre Lazhar Hakkar, né le 13 décembre 1945 à Khenchela, a brillé dans de nombreuses disciplines, notamment la miniature, l'enluminure, la sculpture, la photographie, et la calligraphie. De petits chefs- d'œuvre que le public ne manquera pas d'admirer tout au long de cette manifestation. Comme ces trois artistes pleins de talent, ils sont une trentaine d'exposants, certains viennent des autres wilayas du pays, à prendre part à cette 7ème édition du salon Djurdjura des arts plastiques. En plus de ces expositions, le programme comprend également des ateliers animés par les enseignants de l'Ecole régionale des beaux-arts d'Azazga. Des conférences et tables rondes autour, notamment, de la place de feu Lazhar Hakkar dans l'art plastique algérien. Karima Djouadi