Lazhar Hakkar, est l'un des artistes peintres algériens que l'on peut présenter comme «le peintre de la mémoire», a affirmé, hier, à Tizi Ouzou, le plasticien Mohamed Boukerche. Intervenant dans le cadre de la septième édition du salon Djurdjura des arts plastiques organisée en hommage à l'artiste Lazhar Hakkar, par la direction de la culture, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, M. Boukerche, ami de l'artiste, décédé le 23 septembre dernier, a expliqué que la mémoire et le patrimoine constituaient la source d'inspiration de Hakkar qui avait le souci de «peindre ce que ressent le peuple», selon ses propres déclarations. Les figurines présentes dans ses toiles ne sont là que pour véhiculer cette mémoire et rendre compte des faits de l'histoire de l'Algérie, pendant la colonisation, a ajouté M. Boukerche. Ce conférencier a rappelé que Lazhar Hakkar a été marqué par deux événements majeurs qu'il a vécus comme deux grandes blessures et qui vont par la suite imprégner toute son œuvre. Enfant, Lazhar a connu l'horreur de la guerre à travers les massacres commis par le colonialisme français contre le peuple algérien, et dont sa région natale, Khenchela, a payé un lourd tribut. Adulte, il vit l'horreur de la décennie noire, pendant laquelle il a extériorisé sa peur à travers la peinture. L'une des œuvres majeures de Lazhar Hakkar est Reggane, pour que nul n'oublie, sur les essais nucléaires français en 1960 à Reggane. «Lazhar Hakkar était révolté contre les responsables de l'Etat français qui ne voulaient pas demander pardon à l'Algérie pour les massacres commis durant la période coloniale», a observé le conférencier. L'enfant de Khenchela a également réalisé plusieurs toiles inspirées du patrimoine algérien dont ‘La Traversée de la mémoire', une toile de 8,5 X 3,5m. «Dans mes tableaux, je traite d'un voyage dans la mémoire. Je parle de Hizia, de Reggane, des inondations de Bab El-Oued, et autres phénomènes de la mémoire algérienne», disait Lazhar Hakkar à propos de son œuvre. Artiste accompli, le peintre Lazhar Hakkar, né le 13 décembre 1945 à Khenchela, a brillé dans de nombreuses disciplines, notamment la miniature, l'enluminure, la sculpture, la photographie et la calligraphie.