La situation de l'emploi aux Etats-Unis s'est nettement améliorée en novembre, le taux de chômage reculant à son plus bas niveau en cinq ans, ce qui rapproche la perspective d'une réduction de l'aide de la Fed à l'économie. Le taux de chômage a reculé davantage que prévu par rapport à octobre, s'affichant à 7% pour la première fois depuis novembre 2008, selon les chiffres publiés avant-hier par le département du Travail. L'économie américaine a aussi créé 203 000 emplois de plus qu'elle n'en a détruits, battant les prévisions des analystes qui tablaient sur un taux de chômage en léger recul à 7,2% et 188 000 nouvelles embauches. Le nombre de chômeurs est descendu à 10,9 millions contre 11,2 millions en octobre même si la part de la population active cherchant du travail est remontée de 0,2 point à 63%, signifiant que des chômeurs découragés se remettent à chercher un emploi. Le ministère a noté que le nombre de chômeurs de très courte durée avait chuté de 377 000, reflétant le retour au travail des employés fédéraux qui avaient été contraints de rester chez eux pendant la fermeture partielle de l'administration en octobre ("shutdown") et qui avaient temporairement pointé au chômage. Un large éventail de secteurs d'activité a embauché en novembre, notamment les transports, la logistique et, fait plus nouveau, l'industrie manufacturière. "Il n'y a quasiment rien à redire dans ce rapport sur l'emploi", notait l'économiste indépendant Joel Naroff concédant que le "shutdown" administratif avait eu un impact dans le recul du nombre de chômeurs, mais reconnaissant que " l'amélioration du marché de l'emploi est bien réelle". Le salaire horaire a même légèrement augmenté par rapport à octobre (+4 cents) ainsi que la durée moyenne hebdomadaire travaillée. "Cela donne à la Fed tout ce dont elle a besoin pour commencer à réduire ses achats d'actifs à la prochaine réunion du Comité de politique monétaire (FOMC) ce mois-ci", assurait Paul Ashworth, de Capital Economics. Il était toutefois minoritaire à privilégier la réunion de décembre, plutôt que les suivantes. "Ces données sont certainement assez fortes pour que la Fed commence à réduire son programme d'assouplissement monétaire", estimait ainsi Jim O'Sullivan, de High Frequency Economics. Mais cet analyste croyait "plus probable" que la Réserve fédérale attende janvier, voire mars, pour réduire ses achats mensuels de 85 milliards de dollars en bons du Trésor et titres adossés à des créances hypothécaires, qui durent maintenant depuis 14 mois. "Ces chiffres accroissent la possibilité que la Fed diminue ses achats d'actifs en décembre, mais nous pensons que le FOMC continue de penser que le taux de chômage surévalue l'amélioration du marché du travail, et qu'il va encore rester patient", assurait Michael Gapen, analyste chez Barclays Research. Un des responsables de la Fed, Charles Plosser, membre non-votant du FOMC qui n'a jamais été grand partisan du troisième "round" d'expansion monétaire, a estimé sur la chaîne économique CNBC qu'il était "probablement temps de se retirer avec grâce". Ce qui peut rendre le FOMC encore patient est notamment l'inflation, très basse, selon l'indice des prix associé aux dépenses de consommation des ménages (PCE) publié également vendredi. La hausse des prix n'est que de 0,7% sur un an en octobre et de 1,1%, sans compter l'énergie et l'alimentation. C'est bien au-dessous de l'objectif de 2% que la Fed estime sain pour l'économie. A la Maison-Blanche, Jason Furman, président du Cercle des conseillers économiques, s'est félicité des chiffres de l'emploi qui montrent "que la reprise gagne de l'élan" mais il a aussi pressé le Congrès de prolonger le programme d'indemnisation des chômeurs de longue durée qui arrive à échéance à la fin de l'année. Sans cette prolongation, plusieurs centaines de milliers de chômeurs seraient rayés des listes faisant tomber le taux de chômage pour de mauvaises raisons.
Recul des prix en octobre L'inflation aux Etats-Unis a décéléré pour le troisième mois d'affilée en octobre où elle a atteint 0,7% sur un an, selon l'indice des prix associé aux dépenses de consommation des ménages (PCE) publié à Washington. La hausse des prix, qui était de 0,9% en septembre, s'éloigne encore de l'objectif de la Banque centrale des Etats-Unis (Fed) qui souhaite une inflation de 2,0% sur un an à moyen terme. Hors alimentation et énergie, l'inflation sur un an dite sous-jacente a, elle aussi, légèrement décéléré en octobre en s'établissant à 1,1% contre 1,2% au mois précédent, selon les données publiées par le département du Commerce. Par rapport au mois précédent, la hausse des prix a été quasi-nulle et a été "inférieure à 0,1%" en octobre, écrit le ministère alors qu'elle avait été de 0,1% en septembre. L'inflation sous-jacente sur un mois est, elle, restée inchangée en octobre et a progressé au même rythme qu'en septembre (+0,1%), en ligne avec la prévision des analystes