La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu, mercredi soir, son soutien exceptionnel à la reprise économique des Etats-Unis au moment où les questions de la dette et du budget américain font l'objet d'âpres discussions. La Fed va continuer d'acheter chaque mois pour 85 milliards de dollars de bons du Trésor et de titres hypothécaires, jugeant que le resserrement actuel des conditions du crédit, "s'il continuait, pourrait ralentir le rythme de la reprise de l'économie et du marché du travail", selon le communiqué de son Comité de politique monétaire (FOMC) Cette décision de statu quo a surpris les analystes qui s'attendaient à une modeste réduction des injections de liquidités de la banque centrale. Pour justifier cette prudence, alors que l'économie américaine montre des signes d'amélioration, le président de la Fed Ben Bernanke a notamment cité au cours d'une conférence de presse deux dates butoirs qui approchent: le 1er octobre, début de la nouvelle année budgétaire, avant laquelle de nouveaux crédits doivent être votés par le Congrès, et la mi-octobre, quand le Trésor américain aura atteint le "plafond" légal de la dette américaine. Une fermeture des services non essentiels de l'Etat fédéral (un "shutdown", déclenché pour la dernière fois en 1995) et un défaut de paiement des Etats-Unis "pourraient avoir de très graves conséquences pour l'économie et les marchés financiers", a expliqué le président de la Fed. "La politique de la Fed est de faire tout ce qu'elle peut pour maintenir l'économie sur une trajectoire stable". Le taux d'intérêt sur les fonds fédéraux, principal outil monétaire de la Fed, demeure dans la fourchette de 0 à 0,25%, a ajouté le FOMC qui le maintien ainsi depuis fin 2008. Douze des 17 participants au FOMC n'envisagent pas de hausse des taux avant 2015 quand le taux de chômage devrait descendre sous 6,5%, a précisé M. Bernanke.
Inquiétude pour les taux sur prêts immobiliers Le Comité a décidé "d'attendre davantage de preuves de la reprise", a déclaré M. Bernanke, le communiqué du FOMC qualifiant le rythme d'expansion de l'économie américaine de "modéré". La Fed s'inquiète aussi du fait que "les taux sur les prêts immobiliers ont encore augmenté" et que "la politique budgétaire freine l'économie". Le taux moyen du prêt immobilier à 30 ans se situait mercredi à 4,75%, selon la Mortgage Bankers Association, contre 3,35% au mois de mai. Pour Ian Shepherdson, analyste pour Pantheon Macroeconomics, "vu la bataille probable avec le Congrès sur le budget et le relèvement du plafond de la dette dans les mois qui viennent, qui va affecter l'activité économique et la confiance des ménages, le statu quo de la Fed va offrir un peu de soutien à une économie en position difficile pour aborder le quatrième trimestre". Ben Bernanke a redit qu'une réduction des achats d'actifs était "possible plus tard dans l'année". "Cela dépendra des données économiques", a-t-il répété. Il a ajouté que le taux de chômage n'était pas forcément un indicateur rendant compte "totalement de la réalité du marché de l'emploi dans son ensemble". Le taux de chômage est actuellement à 7,3% contre 8,1% il y a un an. Il ne se réduit pas seulement à cause des créations d'emplois, mais aussi du fait d'une chute de la population active et d'une hausse du nombre de chômeurs de longue durée qui abandonnent la recherche d'un travail. En juin, Ben Bernanke avait indiqué que la Fed souhaitait cesser totalement les injections de liquidités d'ici le milieu 2014 lorsque le taux de chômage descendrait à 7%. Le FOMC note également que l'inflation reste "en dessous de son objectif de 2% ce qui pourrait poser des risques pour la performance de l'économie". Alors que l'objectif d'inflation de la Fed se situe autour de 2%, le FOMC ne prévoit pas une inflation à ce niveau avant 2015 (entre 1,7 à 2,0%). Le président de la Fed, qui arrive à la fin de son deuxième mandat en janvier, a préféré "ne pas parler de (ses) projets", alors qu'un retrait surprise du candidat favori de la Maison Blanche, Larry Summers, a relancé les spéculations. "J'espère avoir plus d'informations pour vous à une date raisonnablement proche", a-t-il déclaré.
Recul de l'activité manufacturière de la région de New York L'activité manufacturière de la région de New York a reculé en septembre à 6,3 contre 8,2 en août, selon l'indice Empire State publié par l'antenne locale de la banque centrale américaine (Fed). Cet indicateur s'inscrit en dessous des attentes des analystes qui tablaient sur une augmentation à 9. Parmi les composantes de l'indice, les nouvelles commandes ont grimpé de 2,4 points et celui des livraisons a fait un bond de 16,4 points, son plus haut niveau depuis plus d'un an. L'indice des prix payé a peu changé à 21,5 tandis que celui des prix facturés est en hausse de 5 points à 8,6. Les conditions du marché de l'emploi sont restées stables tandis que l'indice des conditions d'activité futures progressent pour le troisième mois consécutif à 40,6, soit trois points de plus qu'en août.
La production industrielle a redémarré La production industrielle aux Etats-Unis a légèrement redémarré en août après avoir stagné au mois précédent, selon les chiffres publiés par la banque centrale américaine (Fed) Par rapport à juillet, elle a progressé de 0,4% en données corrigées des variations saisonnières, à peu près en ligne avec la prévision médiane des analystes, qui tablaient sur une hausse de 0,5%. Parmi les composantes de l'indice, la production manufacturière a grappillé 0,7% tandis que la production minière a progressé plus modestement de 0,3%. L'indice a été toutefois tiré à la baisse par la production d'électricité qui a reculé de 1,5% en août, enregistrant son cinquième mois consécutif de baisse. En glissement annuel, la production industrielle américaine s'est nettement raffermie en augmentant de 2,7%. Les données de la Banque centrale indiquent d'autre part que le taux d'utilisation des capacités industrielles est légèrement reparti à la hausse en août, s'adjugeant 0,2 point pour s'établir à 77,8%. Ce niveau dépasse par ailleurs de 0,6 point celui observé en juillet 2012.
La balance des flux de capitaux repasse dans le vert La balance des flux de capitaux investis à long terme aux Etats-Unis est repassée dans le vert en juillet, selon des chiffres publiés par le département du Trésor. Elle a dégagé un excédent de 31,1 milliards de dollars après avoir essuyé un déficit de 67,0 milliards en juin, a indiqué le ministère. Le solde positif de cette balance traduit le fait que les Etats-Unis attirent plus de capitaux investis à long terme chez eux qu'ils n'en investissent à l'étranger. Selon les données du gouvernement, qui ne sont pas corrigées des variations saisonnières, l'excédent de juillet tient principalement à un regain d'intérêt des investisseurs privés pour les bons du Trésor américain. Le solde de leurs achats et ventes de ces titres a débouché sur un excédent de 49,8 milliards en juillet après s'être traduit par un déficit de 40,1 milliards en juin, selon les données du gouvernement. En termes géographiques et en données brutes, la Chine (Hong Kong compris) reste le premier détenteur d'obligations du Trésor américain mais a légèrement réduit son exposition sur un mois, (-0,2%) à 1.397 milliards de dollars. Le Japon arrive en deuxième position avec 1.135 milliards de dollars suivi par un groupe de six pays des Caraïbes souvent présentés comme des paradis fiscaux (Iles Caïmans, Panama...) et qui totalisent 287,7 milliards.
Hausse plus modeste que prévu des prix à la consommation Les prix à la consommation ont augmenté de 0,1% en données corrigées des variations saisonnières en août aux Etats-Unis, un peu en dessous de ce qu'attendaient les analystes, selon des chiffres publiés par le département du Travail. La prévision médiane des analystes tablait sur une hausse de 0,2% des prix à la consommation en août. Hors énergie et alimentation, les prix ont également augmenté de 0,1% en août. Sur un an, la hausse des prix à la consommation s'élève à 1,5% tandis que l'inflation sous-jacente, qui ne tient pas compte de l'énergie et de l'alimentation, est de 1,8%. La hausse d'août a été tirée par celle du coût des services médicaux (+0,7%) et des loyers (+0,4%). Les prix de l'énergie ont décliné de 0,3% en raison surtout d'une chute des prix du gaz (-2,3%) alors que les prix du fioul ont augmenté de 1,2%. Les prix de l'alimentation ont modestement augmenté (+0,1%), ceux des fruits et des légumes tirant la hausse (+1,2%). Dans le secteur des transports, les prix des billets d'avion sont en recul de 3,1%, après un retrait en juillet de 1,3%. Le salaire horaire réel moyen a légèrement augmenté de 0,1% (à 10,30 dollars) du fait de l'effet conjugué d'une hausse de 0,2% de la rémunération et de l'augmentation des prix de 0,1%. La publication de l'indice des prix intervient alors que la Réserve fédérale entame mardi une réunion de son Comité de politique monétaire. L'inflation mesurée par l'indice des prix à la consommation (CPI), à 1,5% sur un an, comme celle mesurée par l'indice des prix associé aux dépenses de consommation des ménages (PCE), à 1,4%, sont en dessous de l'objectif de la banque centrale qui souhaite une inflation de 2% sur un an à moyen terme.