Les gouvernements espagnol et portugais ont annoncé lundi la création d'équipes conjointes de policiers et magistrats pour lutter contre l'organisation séparatiste basque ETA, soupçonnée d'avoir une base arrière au Portugal. "Face à la menace terroriste, et en particulier la menace de l'ETA", les deux pays "constitueront des équipes d'enquêtes conjointes", composées de policiers et de magistrats, selon une déclaration signée par les ministres de l'Intérieur et de la Justice des deux pays, en marge d'une réunion de l'UE à Lisbonne. Il s'agit de mener à bien "des enquêtes difficiles et complexes qui exigent une action coordonnée et concertée des deux Etats", selon le texte. Depuis plusieurs semaines, les enquêteurs espagnols cherchent à vérifier l'existence éventuelle d'une infrastructure de l'ETA en territoire portugais, ce qui serait une nouveauté, le groupe armé basque agissant traditionnellement depuis la France. Le 21 juin, la police espagnole avait découvert dans le sud du pays, près de la frontière portugaise, un véhicule rempli de 130 kg d'explosifs, loué au Portugal. Et fin août, un commando présumé de l'ETA, auteur d'un attentat contre la caserne de la garde civile de Durango (Pays-Basque, nord), avait pris la fuite, également à bord d'un véhicule loué au Portugal. Depuis lors, les autorités espagnoles sont convaincues que l'organisation séparatiste basque armée dispose d'"une petite structure dans le sud du Portugal", base qui se situerait "dans l'Algarve", selon le ministre espagnol de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba. Mi-septembre, le directeur général de la police espagnole avait estimé que la pression exercée par la police française sur l'ETA obligeait ses membres à se replier vers d'autres pays. "Le travail de la police française, en collaboration avec l'espagnole, entrave considérablement la capacité opérationnelle (d'ETA, ndlr), ce qui entraîne la nécessité de chercher d'autres refuges dans d'autres pays", avait déclaré Joan Mesquida Ferrando dans un entretien au journal El Pais. Des équipes d'enquête conjointes franco-espagnoles sont en place depuis septembre 2004, notamment pour lutter contre l'ETA, avec compétence sur les territoires français comme espagnol. Ces derniers mois, l'ETA a subi plusieurs revers importants sur le territoire français, avec la mise au jour de caches et l'arrestation de plusieurs de ses membres. Le 5 juin, l'ETA a annoncé la rupture de la trêve qu'elle avait annoncée en mars 2006 mais rompue de facto en commettant un spectaculaire attentat à l'aéroport de Madrid en décembre, tuant deux citoyens équatoriens. Depuis, l'ETA a perpétré son premier attentat d'envergure le 24 août à Durango (nord), faisant deux blessés légers. Deux autres opérations ont échoué, le 26 août et le 10 septembre. Fin août, le juge espagnol antiterroriste Baltasar Garzon avait envoyé au Procureur général portugais une demande formelle pour la création d'une équipe judiciaire conjointe pour enquêter sur l'attentat de Durango, selon l'agence Lusa.