Les services secrets espagnols opéraient au Portugal dans le cadre de leur lutte contre l'ETA sans que les autorités de ce pays en aient été averties, affirmaient hier plusieurs journaux portugais qui dénoncent le «manque de coopération» de l'Espagne dans ce dossier. Selon le Diario de Noticias, «des opérationnels de la gendarmerie portugaise ont détecté la présence d'éléments du CNI, les services secrets espagnols, en territoire portugais mais le SIS (renseignements portugais) n'en a jamais été informé et n'a même jamais été contacté». Ce «manque de coopération», également relevé par le Jornal de Noticias, expliquerait, selon la presse, les couacs apparus entre Lisbonne et Madrid après la découverte fortuite vendredi dans une maison d'Obidos (centre) d'une cache d'explosifs, contenant 1,5 tonne de matériel, selon Madrid, 800 kg, selon Lisbonne. Alors que Madrid a immédiatement mis en cause les séparatistes basques de l'ETA soupçonnés d'avoir transféré au Portugal leur «appareil logistique», Lisbonne n'a jamais accusé l'ETA nommément. Selon le Jornal de Noticias, citant des sources policières, «les carences dans le partage d'informations» expliquent que les gendarmes portugais n'aient pas fait le «lien» entre une fourgonnette découverte lundi dans la région d'Obidos, transportant des détonateurs et des explosifs, et d'éventuelles «actions terroristes, encore moins de l'ETA». Ce véhicule aurait, selon Madrid, été abandonné par deux etarras, locataires de la maison d'Obidos, découverte seulement quatre jours plus tard et par hasard par les gendarmes portugais. «La vérité», affirme le Jornal de Noticias «est que ni les renseignements espagnols, ni la garde civile, ni la police nationale (espagnole) n'ont jamais fourni la moindre information solide sur la présence de l'ETA au Portugal». Selon le Correio da Manha, les policiers portugais sont également convaincus que «l'avalanche d'informations, en provenance de l'Espagne», en particulier la diffusion des photos de deux suspects, «a empêché leur arrestation au Portugal». Le Portugal et l'Espagne avait annoncé en octobre 2007 la création d'«équipes conjointes», composées de policiers et de magistrats, pour lutter contre l'ETA. Mais, affirme hier le Diario de Noticias, ce projet n'est «jamais allé au delà du papier, et il n'y a eu aucune coopération exceptionnelle entre les polices (des deux pays) à propos de l'ETA».