La police et les services de renseignement espagnols ont averti le gouvernement que les attentats de l'organisation séparatiste basque ETA pourraient reprendre de façon imminente. Les policiers pensent que l'ETA pourrait perpétrer avant le mois d'août un attentat de “grande ampleur”, selon le journal El-Païs. L'ETA, qui a entamé la lutte armée en 1968, avait déclaré une trêve unilatérale en mars 2006 mais le gouvernement s'est vu contraint de faire marche arrière face à la réprobation des Espagnols après l'attentat du 30 décembre dernier, à la voiture piégée, qui a fait deux morts à l'aéroport de Madrid. Le mouvement indépendantiste basque ETA fait savoir alors qu'il mettra fin dès aujourd'hui au cessez-le-feu, expliquant dans un communiqué que “les conditions minimales pour la poursuite d'un processus de négociations ne sont pas réunies”. Les indépendantistes ajoutent que le gouvernement espagnol de José Luis Zapatero a répondu à sa trêve par des arrestations, des tortures et des persécutions. À la mi-2006, le gouvernement Zapatero a engagé des discussions exploratoires en vue d'un possible processus de paix au Pays basque. Ces contacts ont été rompus à la suite de l'attentat de Madrid. Du moins officiellement, l'autre grand quotidien de Madrid, ABC, a affirmé récemment que deux envoyés du gouvernement avaient rencontré secrètement des représentants du mouvement séparatiste basque en avril dans une ville européenne. Madrid dit vouloir rechercher une solution négociée au problème basque mais n'ouvrira de discussions que si l'ETA rompt avec la lutte armée. En près de quarante années d'existence, l'ETA a tué plus de 800 personnes au nom de sa lutte pour l'obtention de l'indépendance du Pays basque. Mais les centaines d'arrestations menées, de part et d'autre des Pyrénées par les forces de sécurité espagnoles et françaises auraient sérieusement affaibli les structures du mouvement clandestin, affirment les services des deux pays. Le parti Batasuna, considéré comme la vitrine politique de l'ETA, n'a pu parallèlement présenter de candidats aux élections régionales du mois dernier en vertu d'une décision de justice alors que, lorsqu'il annonça la première fois son intention d'ouvrir des pourparlers de paix, Zapatero avait promis de laisser les électeurs du Pays basque trancher la question de leur avenir. Les socialistes espagnols se disaient persuadés que seule une minorité de Basques souhaite l'indépendance et que leur démarche pour un accord de paix ouvrait la voie à une autonomie régionale légèrement renforcée et à la libération de détenus basques. Les attentats de Madrid en ont décidé autrement et la droite a même repris le dessus dans les élections municipales considérées comme une répétition pour les législatives de 2008. Réagissant à l'annonce de l'ETA, le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a déclaré, hier, que l'“ETA recommençait à se tromper”, et a exigé, à nouveau, du groupe indépendantiste basque armé “l'abandon définitif” de la violence. “Cette décision est radicalement opposée au chemin souhaité par la société basque et la société espagnole”, a-t-il déclaré. Zapatero a ajouté que ce “chemin n'a qu'un seul objectif, celui de l'abandon définitif des armes” et qu'un tel “chemin ne peut être emprunté ni parcouru qu'avec une renonciation complète de la violence”. D. Bouatta