La Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra a proposé hier de convoquer des élections pour mettre un terme à la crise politique si les manifestants qui réclament son départ en acceptaient les résultats. La capitale se prépare à de nouvelles manifestations alors que le principal meneur du mouvement, Suthep Thaugsuban, a appelé à un rassemblement de la dernière chance lundi pour faire chuter le gouvernement et le remplacer par un conseil du peuple non élu. Les manifestants veulent également se débarrasser de ce qu'ils appellent le système Thaksin, du nom du frère de Yingluck, ancien Premier ministre renversé par un coup d'Etat en 2006 et qui reste au cœur de la politique du royaume malgré son exil. Le mouvement commencé il y a plus d'un mois avait pris de l'ampleur fin novembre avec l'occupation de plusieurs ministères et administrations, et avait encore franchi un cap il y a quelques jours avec la tentative de prendre le siège du gouvernement. Dimanche, la Première ministre a renouvelé sa proposition d'élections anticipées si les manifestants, alliance hétéroclite de bourgeois de Bangkok proche du principal parti d'opposition et de groupes ultra-royalistes qui haïssent Thaksin, acceptaient de respecter le processus démocratique. Le gouvernement est prêt à dissoudre le parlement si la majorité le veut, a-t-elle déclaré à la télévision, notant que des élections devraient alors avoir lieu dans les 60 jours. Mais si les manifestants ou un important parti politique n'accepte pas cela ou n'accepte pas les résultats des élections, cela ne fera que prolonger le conflit. Les meneurs du mouvement ont déjà indiqué qu'ils ne se satisferaient pas d'élections, provoquant une impasse qui fait craindre de nouveaux débordements après des affrontements violents la semaine dernière entre police et manifestants. Un gouvernement non élu aurait un impact sur la réputation et la stabilité du pays, a mis en garde Yingluck. Si c'est ce que les manifestants veulent, on devrait se demander si c'est le désir de la majorité. Elle a également évoqué un référendum, sans en préciser les termes.
Démission de tous les députés de l'opposition Le principal parti d'opposition en Thaïlande a annoncé hier que tous ses députés allaient démissionner, alors que le pays est secoué depuis un mois par un mouvement réclamant la chute du gouvernement. Cette annonce intervient alors que la Première ministre Yingluck Shinawatra a renouvelé sa proposition d'élections anticipées. Le porte-parole du Parti démocrate Chavanond Intarakomalyasut a indiqué que les élus démissionneraient formellement "aussi vite que possible". "Nous estimons que ce parlement n'a pas de légitimité", a justifié l'un d'entre eux, Sirichok Sopha. Cette annonce intervient alors que la Première ministre a renouvelé sa proposition d'élections anticipées pour mettre fin à la crise politique, si les manifestants qui réclament son départ en acceptaient les résultats.
Impasse Les meneurs du mouvement, alliance hétéroclite de bourgeois de Bangkok proche du principal parti d'opposition et de groupes ultra-royalistes qui haïssent Thaksin, ont déjà indiqué qu'ils ne se satisferaient pas d'élections, provoquant une impasse qui fait craindre de nouveaux débordements après des affrontements violents la semaine dernière entre police et manifestants. La situation reste tendue malgré la trêve observée depuis mercredi, à la veille du 86e anniversaire du roi Bhumibol, considéré comme un demi-dieu par nombre de Thaïlandais. Des violences à cette date auraient été vues comme un affront. Après cet anniversaire, Suthep a appelé à un dernier effort pour lundi, jour du jugement. Alors que le nombre des manifestants s'est largement réduit depuis un pic à quelque 180 000, l'ancien vice-Premier ministre, visé par un mandat d'arrêt pour insurrection, a assuré qu'il se rendrait à la police si la mobilisation n'était pas suffisante. Mais un autre leader des manifestants, Satit Wongnongtauy, a évoqué une possible poursuite du mouvement. Si nous ne gagnons pas demain, nous ne rentrerons pas chez nous. Nous rapporterons la victoire à la maison, a-t-il déclaré hier. La colère des manifestants a été provoquée par un projet de loi d'amnistie qui, selon ses détracteurs, aurait permis le retour de Thaksin, en exil pour échapper à la prison pour malversations financières. Malgré son rejet par le Sénat, les manifestants n'ont pas désarmé. Le milliardaire divise le pays entre masses rurales et urbaines défavorisées du Nord et du Nord-Est, qui l'adorent, et les élites de Bangkok qui le voient comme une menace pour la monarchie.