Le chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem, a déclaré, lors d'une rencontre dimanche soir avec les opérateurs économiques, organisée par la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci), que les entreprises publiques "non solvables" seront dissoutes par l'Etat qui poursuivra la privatisation des autres entreprises et des banques. "Pour les entreprises non solvables, l'Etat ne va pas continuer à perfuser des cadavres et va aller vers leurs dissolution en prenant en charge leur potentiel de production et la main-d'œuvre", précise-t-il. Le gouvernement a, maintes fois, réaffirmé sa volonté de privatiser les entreprises publiques, trop lourdes à gérer, sauf celles dites "stratégiques" ou "de souveraineté", comme Sonatrach, Sonelgaz ou encore la SNTF. Des centaines d'entreprises avaient déjà été dissoutes entre 1995 et 1998 laissant des milliers de salariés au chômage. Selon le chef du gouvernement, 500 entreprises sur le millier devant être privatisé ont été vendues en 2006. L'Algérie a lancé, en effet, le 1er septembre, un appel d'offres pour la privatisation de 13 entreprises des secteurs de l'électronique, de la fonderie et des travaux publics. Estimant "impérative" la réforme du système bancaire, largement dominé par des entreprises étatiques, M. Belkhadem a rappelé que l'Etat était "sur le point de privatiser le Crédit populaire d'Algérie (CPA)". "Nous allons entamer l'ouverture du capital à hauteur de 30% d'une seconde banque publique", la Banque de développement local (BDL), a-t-il ajouté. L'Algérie a mis sur le marché 51% du capital du CPA. Quatre banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, Natixis et Société Générale), une américaine (Citibank) et une espagnole (SCH) sont en lice. La vente effective doit intervenir vers la fin de l'année. M. Belkhadem a averti que des "banques étrangères sont déjà opérationnelles en Algérie et que d'autres le seront prochainement". Il a exprimé ses craintes que "les banques nationales s'étiolent et meurent en raison de la forte concurrence" de ces dernières. "La crainte est que notre système bancaire ne soit pas aussi compétitif et que, ne pouvant faire face à la concurrence, il disparait", a-t-il averti. Concernant le démantèlement tarifaire, le chef du gouvernement a regretté que les avantages de cette procédure, soit l'exonération totale des droits et taxes sur certains produits à l'importation, n'aient pas donné lieu sur le terrain à des baisses de prix "comme cela aurait dû se passer logiquement". Le démantèlement tarifaire aurait dû se répercuter au niveau des consommateurs. "Or, y a t-il un produit dont le prix a baissé en Algérie" s'est interrogé M. Belkhadem. Selon lui, il n'y a qu'une seule explication : les entreprises algériennes accaparent les gains réalisés à travers le démantèlement tarifaire au lieu de les répercuter sur les prix. "C'est une situation qui dépasse le cadre des contrôles puisqu'elle touche au domaine de la culture". Par ailleurs, le chef du gouvernement s'est insurgé contre le fait que les prix de la semoule se soient envolés sur le marché national, alors que l'Etat continue d'alimenter les minoteries en blé à des prix soutenus. A l'international, les prix du blé tendre ont augmenté de 130 à 370 dollars la tonne, de 2005 à 2007, et de 202 à 448 dollars pour la même période concernant le blé dur, mais l'Algérie continue de fournir ces blés à des prix "d'avant la hausse", c'est dire l'effort gigantesque fourni par le gouvernement qui n'accepte pas qu'en parallèle, les prix de la semoule augmente de façon conséquente et que le consommateur paie les conséquences de ce dysfonctionnement. "Pourquoi augmenter alors que l'Etat n'a pas augmenté" ? s'est interrogé le chef de l'Exécutif devant une assemblée constituée essentiellement de chefs d'entreprise. "La préoccupation majeure du gouvernement est la protection du pouvoir d'achat des citoyens et le pouvoir d'achat ne se résume pas à l'augmentation des salaires qui, dans la situation actuelle, favorise les spéculateurs", a ajouté le chef du gouvernement. A propos de la flambée du prix de la pomme de terre, le chef du gouvernement a expliqué que cette année les paysans ont opté pour d'autres cultures du fait que l'an dernier ils ont subi des pertes en raison de la mévente de la surproduction. Et dans le même contexte, le chef du gouvernement a appelé à une lutte concertée et en règle contre le marché informel qui commence à prendre des proportions alarmantes et qui prédomine dans notre économie. "Le gouvernement va fédérer ses énergies et les orienter en priorité vers la lutte contre l'informel. Si rien n'est fait aujourd'hui, alors le phénomène du marché parallèle va se développer davantage", martèle-t-il. M. Belkhadem a également saisi l'opportunité de cette rencontre pour dénoncer les rumeurs aux conséquences négatives telles "une rentrée sociale explosive", ou même "l'état de santé du président de la République", colportées par une presse malveillante Il a souligné que "l'Algérie a des potentialités naturelles et humaines énormes, qui, si elles sont utilisées à bon escient, peuvent faire réduire le taux de chômage à 8% dans les six ou sept années à venir". "Nos capacités nous permettent même de prendre en charge les 250 000 à 300 000 nouveaux étudiants qui arrivent annuellement sur le marché de l'emploi", a affirmé M. Belkhadem appelant à "lever les obstacles et promouvoir les investissements au lieu de spéculer sur les prix" conclut-il.