Hier, dans son diagnostic de la situation devant les patrons d'entreprises, le Chef du gouvernement n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur ceux qui distillent des rumeurs à profusion sur l'état de santé du Président et sur la rentrée sociale pour des visées inavouées et sur ceux qui s'abreuvent dans le placenta de la spéculation. Tordre le cou à la rumeur et déclarer la guerre aux spéculateurs, tel aura été le mot d'ordre de Abdelaziz Belkhadem qui, hier lors de la rencontre gouvernement - opérateurs économiques, organisée par la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI), n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur ceux qui, pour des visées inavouées, passent leur temps à distiller des rumeurs à profusion et ceux qui profitent justement des effets dérangeants de cette cacophonie pour pousser plus loin leur quête effrénée de la spéculation. Dans tout ce qui s'est dit et colporté, Belkhadem rappelle, devant l'assistance, deux grosses rumeurs de l'été et pas des moindres. «l'Etat de santé du Président» et «la rentrée sociale explosive». Le chef de l'exécutif a saisi ainsi cette opportunité pour dénoncer ces rumeurs qui, a ses yeux, ont «des conséquences négatives». Petit flash-back : des «bulletins de santé» du Président, triturés dans on ne sait quel laboratoire, sont balancés pratiquement à longueur de jours et de semaine. Le suspense ne dure pas longtemps et Bouteflika réapparaît. Il est en bonne santé. «L'explosion sociale», elle, était annoncée pour septembre où alors suivant la symbolique, pour le… 5 octobre. La cherté des produits de première nécessité, la pomme de terre à 70 DA, la malheureuse coïncidence entre le ramadan et la rentrée sociale, constituaient les «mets» d'une catastrophe annoncée mais jusqu'à aujourd'hui aucun foyer de tension n'est allumé. Heureusement. Face à tout cela, Belkhadem, oppose, comme il se plaît à le dire, le pragmatisme de son exécutif, appelé à faire barrage aux rentiers : «l'effort de l'Etat ne doit pas profiter aux spéculateurs de toutes sortes qui foisonnent dans l'appareil économique», prévient-il, en s'insurgeant dans la foulée que «les prix de la semoule se sont envolés sur le marché national alors que l'Etat continue d'alimenter les minoteries en blé à des prix soutenus». «Pourquoi augmenter alors que l'Etat n'a pas augmenté», s'est interrogé le chef de l'Exécutif devant une assemblée constituée essentiellement de chef d'entreprises. «La préoccupation majeure du gouvernement est la protection du pouvoir d'achat des citoyens et le pouvoir d'achat ne se résume pas à l'augmentation des salaires qui, dans la situation actuelle, favorise les spéculateurs», a ajouté le Chef du gouvernement. Le Chef du gouvernement a appelé à une lutte concertée et en règle contre le marché informel. «Le gouvernement va fédérer ses énergies et les orienter en priorité vers la lutte contre l'informel», a-t-il martelé tout en soulignant qu' «aujourd'hui, ce phénomène prédomine dans notre économie». «Les entreprises accaparent les biens» l L'exonération totale de droits et taxes sur certains produits à l'importation, comme le suggère le démantèlement tarifaire, n'a pas donné lieu sur le terrain à une baisse sensible des prix «comme cela aurait dû se passer logiquement», regrette le chef de l'exécutif. «Le démantèlement tarifaire aurait dû se répercuter au niveau des consommateurs. Or, y a t-il un produit en baisse en Algérie ?», s'est interrogé M. Belkhadem. Selon lui, il n'y a qu'une seule explication : les entreprises algériennes accaparent les gains réalisés à travers le démantèlement tarifaire au lieu de les répercuter sur les prix. «C'est une situation qui dépasse le cadre des contrôles puisqu'elle touche au domaine de la culture.» «L'Etat ne va pas continuer à perfuser des cadavres» l Les entreprises non solvables virent directement vers la dissolution. «L'Etat ne va pas continuer à perfuser des cadavres», a rappelé le Chef du gouvernement. Mais cette dissolution prendra en compte, estime-t-il, «leur potentiel de production et la main-d'œuvre». «Nous sommes sur le point de privatiser le CPA, et nous allons entamer la privatisation à hauteur de 30% d'une seconde banque publique», a affirmé M. Belkhadem. L'opération de mise a niveau des banques, a-t-il ajouté, est «impérative» du fait que des banques étrangères sont opérationnelles en Algérie et d'autres le seront demain, le réseau de banques s'étoffe et nous craignons que les banques nationales ne s'étiolent et meurent en raison de la forte concurrence.