La police égyptienne a arrêté mardi l'ancien Premier ministre du président islamiste destitué Mohamed Morsi, poursuivant sa répression contre la confrérie des Frères musulmans qualifiée de terroriste par le pouvoir après un attentat sanglant contre la police. Mardi, l'ancien Premier ministre Hicham Qandil a été arrêté alors qu'il tentait, selon le ministère de l'Intérieur, de fuir au Soudan. Il avait été condamné fin septembre à un an de prison ferme pour n'avoir pas fait exécuter un jugement qui annulait la privatisation d'une compagnie publique dans les années 1990. Quinze personnes (14 policiers et un civil) ont péri et plus d'une centaine ont été blessées tôt mardi dans un attentat à la voiture piégée, l'un des plus sanglants depuis la destitution du président Morsi. Les enquêteurs soupçonnent un kamikaze d'avoir forcé des barrières autour du QG de la police de Mansoura, dans le delta du Nil, à l'aide d'une voiture remplie de puissants explosifs, selon le ministère. La confrérie de M. Morsi, visée par une répression meurtrière depuis l'éviction le 3 juillet du premier président élu démocratiquement d'Egypte, a aussitôt condamné l'attaque. Mais sur le site de l'attentat, des voix se sont élevées pour pointer du doigt le mouvement islamiste. C'est une organisation terroriste internationale, ils sont responsables de ce qui s'est passé, a lancé un résident, Hamada Arafat, accusant la confrérie d'adopter les tactiques d'Al-Qaïda. Un immeuble s'est écroulé, des façades ont été soufflées et un blindé de la police a été écrasé par l'explosion qui s'est produite dans la nuit, à une centaine de kilomètres au nord du Caire. Peu après l'attentat, un conseiller du Premier ministre Hazem Beblawi affirmait à l'agence officielle Mena que le chef du gouvernement avait qualifié les Frères musulmans d'organisation terroriste. Cette déclaration, à forte portée politique à trois semaines d'un référendum constitutionnel que la confrérie a appelé à boycotter, ne devrait toutefois pas entraîner de conséquences dans l'immédiat pour le mouvement islamiste, déjà suspendu par la justice. Plus tard mardi, M. Beblawi a condamné le pire type de terrorisme, sans toutefois nommément accuser la confrérie. Le département d'Etat a également choisi le terme de terroriste pour qualifier cet attentat que Washington condamne avec la plus grande force. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a lui aussi condamné cet attentat, estimant qu'aucune cause ne peut justifier de tels actes de terrorisme. Depuis Mansoura, le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim a dénoncé une tentative de terroriser les Egyptiens à cause du référendum. Il a cependant promis qu'un plan pour sécuriser le scrutin existait, et que cela n'aura aucun impact sur le référendum prévu les 14 et 15 janvier. Ce vote doit être la première étape de la transition qui doit finir avec les élections législatives et présidentielle mi-2014. Des milliers de personnes ont participé aux funérailles organisées pour les victimes. Des manifestants ont ensuite mis le feu à un bus appartenant à un compagnie touristique dont les employés avaient, selon les agresseurs, fait des saluts favorables aux islamistes. Un supermarché, dont les gérants ont été accusés d'être des sympathisants des Frères musulmans, a été saccagé.
Attaque plus sophistiquée que les précédentes La présidence a déclaré trois jours de deuil assurant dans un communiqué que les forces de sécurité allaient venger les martyrs et qu'elle faisait de la lutte contre le terrorisme sa première priorité. Les Frères musulmans ont condamné l'attentat dans les termes les plus forts et l'Alliance anti-coup d'Etat, dominée par la confrérie, a reproché aux nouvelles autorités d'être responsables de la continuation de ces immondes attentats. Cette attaque est plus sophistiquée que les précédentes. Cela pourrait être un signe annonciateur de ce qui va suivre (...) la contestation dans le Sinaï est renforcée et s'étend au-delà de la péninsule, a estimé Shadi Hamid, directeur de recherche au Brookings Doha Center. Depuis début juillet, des attaques visant la police et l'armée se sont multipliées, tuant plus d'une centaine de soldats et de policiers, en majorité dans la péninsule désertique du Nord-Sinaï. L'armée a destitué M. Morsi, affirmant répondre à la demande de millions de manifestants qui lui reprochaient de ne pas avoir su gérer le pays et de n'avoir servi que les intérêts de sa confrérie. Comme lui, la quasi-totalité de la direction de la confrérie est actuellement en prison, alors que la répression contre leurs partisans a fait plus d'un millier de morts.
Un groupe djihadiste revendique l'attentat Ansar Beit al-Maqdess, mouvement jihadiste basé dans le Sinaï égyptien qui dit s'inspirer d'Al-Qaïda, a revendiqué mercredi l'attentat suicide à la voiture piégée qui a fait la veille 15 morts, en majorité des policiers dans le nord de l'Egypte. Dans un communiqué posté sur des forums jihadistes, le groupe affirme: vos frères d'Ansar Beit al-Maqdess, grâce à Dieu, ont pu viser le QG de la police de Daqahleya, un des repaires des apostats et des tyrans qui mènent la guerre contre l'Islam et les musulmans. Le texte fait ensuite l'éloge du kamikaze qui a mené l'attaque, l'une des plus meurtrières en Egypte depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi début juillet. Les attaques contre les forces de l'ordre se sont multipliées dans le pays, d'abord dans le Nord-Sinaï puis ailleurs, en représailles au coup de force des militaires et à la sanglante répression des pro-Morsi qui a fait plus de 1 000 morts et des milliers d'arrestations dans les rangs des islamistes. Ansar Beit al-Maqdess a revendiqué plusieurs attaques, dont la plus spectaculaire avait été en septembre une opération suicide contre le convoi du ministre de l'Intérieur qui en était sorti indemne.