Les forces régulières syriennes ont éliminé plus de 40 combattants antigouvernementaux lors d'une opération spéciale menée dans le nord de la ville d'Alep, a rapporté hier l'agence officielle SANA. Selon l'agence, il s'agit pour la plupart de mercenaires d'origine étrangère. D'après les évaluations de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) basé à Londres, environ 500 personnes ont trouvé la mort en Syrie depuis le début de la semaine en cours dans des affrontements entre les forces de l'opposition armée et les djihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant, groupe terroriste proche d'Al-Qaïda. Auparavant, l'Observatoire a indiqué que les troupes gouvernementales avaient éliminé 45 anti-Assad lorsque ces derniers tentaient de fuir la ville de Homs. La veille, l'armée syrienne a pris le contrôle de la ville de Nakarine, près d'Alep (nord), profitant de la bataille que se livrent depuis une semaine rebelles et une partie des djihadistes, ont rapporté des militants. Parallèlement, les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, lié à Al-Qaïda) se sont emparés de la ville de Tal Abyad, près de la frontière avec la Turquie, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les forces du régime ont pris le contrôle du secteur de Nakarine et avancent vers la zone industrielle d'Alep, au nord-est de la métropole, a rapporté le Centre des médias d'Alep, un réseau de militants sur le terrain. Cette avancée est clairement la conséquence du fait que les rebelles sont occupés à combattre l'EIIL, a affirmé Nazeer al-Khatib, un militant basé à Alep, via internet. Le 3 janvier, des rebelles majoritairement islamistes ont lancé une offensive contre les djihadistes de l'EIIL entraînant de violents combats ayant fait selon l'OSDH plus de 500 morts en une semaine. La brutalité de l'EIIL et sa volonté d'hégémonie sont à l'origine de cet affrontement, le plus important au sein des opposants armés au président Bachar al-Assad depuis le début du conflit syrien en mars 2011. Alors que l'EIIL est sur la défensive dans les provinces d'Alep et d'Idleb, il avance en revanche dans celle de Raqa qui est sa place forte, non loin de l'Irak. A Raqa même, l'EIIL s'est ainsi emparé de la gare et d'un barrage tenu par les islamistes. Des dizaines de corps de membres de l'EIIL se trouvaient à l'hôpital de la ville, selon l'OSDH. A l'entrée de Jazra, à l'ouest de Raqa, l'EIIL a en outre déposé les corps de dizaines de rebelles et de membres d'une brigade proche du Front al-Nosra (branche officielle d'al-Qaïda en Syrie). Les muezzins de la ville ont appelé les habitants à venir les identifier. Plus au nord, l'EIIL a pris le contrôle de la ville frontalière clé de Tal Abyad. A Saraqeb, à 270 km au nord de Damas, les rebelles islamistes ont lancé une offensive samedi pour reprendre ce dernier bastion de l'EIIL dans la province d'Idleb. Ils ont pris le contrôle de la plus grande partie de la ville et assiègent des centaines de combattants de l'EIIL, a affirmé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales. Saraqeb, aux mains des rebelles depuis novembre 2012, est stratégique car située entre Hama et Alep, deux des principales villes de Syrie. Samedi matin, cinq rebelles y ont été tués dans une attaque à la bombe. Le militant Manhal Barish a précisé que l'explosif avait été placé sous un pick-up d'Ahrar al-Cham, une puissante brigade islamique qui a été à l'origine du déclenchement de l'offensive contre l'EIIL. Dans le même temps à Alep, un groupe rebelle a lancé une attaque contre la maison d'un commandant de l'EIIL (...) et enlevé sa mère et sa sœur, et violé sa mère, a indiqué l'OSDH, en estimant que les auteurs de ce type de crimes devaient être traduits devant un tribunal international. Ailleurs dans le pays, un raid aérien a fait six morts dans le village de Souran, dans la province de Hama (centre). Et l'OSDH a fait état de la mort de sept femmes, quatre enfants et un homme vendredi à Adra, près de Damas, dans une explosion dont rebelles et gouvernement se sont mutuellement accusés. Les violences ont fait plus de 130 000 morts en Syrie et poussé des millions de personnes à fuir depuis mars 2011.