Photo : Riad Par Smaïl Boughazi L'activité portuaire en Algérie connaît ces derniers mois un certain dynamisme. Ce dynamisme ne concerne pas l'activité commerciale, qui reste tout de même intense, mais l'organisation demeure insuffisante. En fait, ces structures vitales de l'économie nationale ont fait l'objet de plusieurs mesures visant leur réorganisation. Si la décision de changer le week-end est considérée comme une initiative très importante pour mettre les ports à l'heure internationale, d'autres actions figurent aussi sur le même registre. Les autorités, semble-t-il, sont décidées à en finir avec le phénomène de la congestion qui freine énormément le développement des ports d'Algérie. Cependant, avant de passer aux actions, il faut dire que plusieurs responsables ont reconnu que l'état des lieux est peu reluisant. Ces derniers mettent à l'index l'organisation qui demeure insuffisante par rapport aux normes et la mauvaise répartition des flux. Le ministre du commerce, El Hachemi Djaaboub, l'a clairement souligné récemment lors d'une sortie sur le terrain. Le représentant du gouvernement a affirmé en fait que le port d'Alger reçoit la part la plus importante du trafic conteneurs du pays, à savoir 50% des marchandises. Dans le même ordre d'idées, il a demandé que les importateurs utilisent les autres ports du pays pour réduire les délais de séjour de leurs marchandises. Le département du commerce a en outre décidé de renforcer les équipes d'inspecteurs aux frontières dans l'objectif d'améliorer les services des structures portuaires. Quelques mois après les déclarations de Djaaboub, le département des transports a décidé de mettre sur les rails un ensemble de mesures allant dans le même sens. Ces nouvelles mesures entreront en vigueur à partir du mois d'octobre prochain. Le communiqué du département des transports a annoncé que les navires transportant les cargaisons de rond à béton et bois, les produits alimentaires non conteneurisés, les marchandises diverses non conteneurisées ainsi que les véhicules (car-carriers) ne seront plus autorisés à décharger leurs marchandises au port d'Alger à partir du 1er octobre 2009.Selon les explications du ministère, les mesures en question prévoient également d'assurer une fluidité des trafics portuaires à travers une meilleure utilisation des capacités portuaires existantes. Ainsi, les ports de Djen Djen (Jijel), de Mostaganem et de Ghazaouet (Tlemcen) sont retenus pour la réception des car-carriers. En plus de leurs activités habituelles, à l'exception des navires de transport de véhicules, les autres ports, à savoir ceux d'Oran, de Béjaïa, d'Annaba, de Skikda, de Mostaganem, de Djen Djen, de Ghazaouet, d'Arzew et, enfin, de Ténès sont appelés à traiter les autres catégories de produits importés par voie maritime, souligne le ministère, appelant les armateurs, importateurs, transitaires et auxiliaires maritimes à prendre attache avec les entreprises portuaires pour les modalités pratiques liées à l'application de cette décision. Le ministère explique que la congestion du port, où les navires attendent des dizaines de jours en rade, pénalise l'économie nationale en imposant un taux de fret et des primes d'assurance élevées, ainsi que des taxes de congestion. Certes, ces mesures pourraient parer à la situation de congestion que connaît particulièrement le port d'Alger mais des questions s'imposent. Ces structures, qui n'étaient pas destinées à ce genre d'activités, risquent-elles de connaître le même sort ? A-t-on prévu des mesures d'accompagnement ? Les opérateurs, eux aussi, ont jugé que les délais qui leur sont accordés sont insuffisants pour se conformer à la réglementation. Outre ces deux questions cruciales, il ne faut pas perdre de vue l'activité économique intense que générera ce transfert et qui aura des répercussions sur le transport routier particulièrement. Certains ports ont déjà émis le vœu de voir ces mesures reportées ou, dans le meilleur des cas, que ce délai soit rallongé, pour permettre aux importateurs de s'adapter au changement. A relever aussi que certaines structures connaissent déjà une saturation, tel le port de Béjaïa qui, à défaut d'extension conséquente, peine à faire face au volume croissant du trafic marchand. Néanmoins, il faut dire que la situation actuelle est nettement meilleure qu'il y a quelques années. Pour rappel, les autorités portuaires ont enregistré des conteneurs en souffrance -un autre défi- et qui contiennent, pour une bonne partie d'entre eux, des produits périmés ou périssables. Pour mémoire, l'année dernière, le port d'Alger a enregistré pas moins de 1 000 conteneurs en instance d'enlèvement depuis des années. Idem pour les ports de l'Est qui avaient enregistré un nombre important de conteneurs non enlevés. Selon les responsables, plus de 500 dans les ports de Skikda,d'Annaba et de Béjaïa. Dans le même contexte, il est à signaler que pour «l'accomplissement de toutes les formalités commerciales au niveau des ports par voie électronique», l'Algérie a décidé d'investir 160 millions d'euros pour améliorer la gestion et la sécurité de ses ports, selon le ministre des Transports Amar Tou. Il a indiqué que cette enveloppe dégagée par l'Etat servira à mettre en place un nouveau système de gestion de la sécurité maritime et portuaire visant à optimiser et à renforcer la sécurité dans les ports d'Algérie. Ce dispositif, appelé système intégré de la gestion de la sûreté et de la sécurité maritime et portuaire et d'échange de données informatisées (VTMIS), sera opérationnel en 2012, selon M. Tou. La réalisation de ce dispositif a été confiée à un groupement composé de deux entreprises suédoises et d'une coréenne.