L'envolée des cours internationaux du blé depuis juin, qui ont culminé à des niveaux record en septembre, est due à la fois à la contraction des disponibilités mondiales, aux niveaux de stocks les plus bas jamais enregistrés et à la demande soutenue. Résultat : la facture des importations céréalières des pays pauvres est en hausse de 14 %, selon le dernier rapport de l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture ( FAO) intitulé « Perspectives de récoltes et situation alimentaire », publié hier. La hausse des prix à l'exportation, alliée à la montée en flèche des coûts du fret, font grimper les prix du pain et des autres aliments de base dans les pays en développement importateurs, et plus particulièrement le groupe des pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV), cause d'agitations sociales dans certaines zones, affirme le rapport. La facture des importations céréalières totales de ces pays devrait augmenter considérablement pour la deuxième année consécutive, atteignant le record absolu de 28 milliards de dollars en 2007/08, soit environ 14 pour cent de plus que le niveau élevé de la campagne précédente. Globalement, les importations céréalières coûteront la somme record de 52 milliards de dollars aux pays en développement, selon le rapport. Quant aux prix du maïs, ils sont nettement supérieurs à ceux de l'an dernier, en dépit de la récolte exceptionnelle de cette année, compte tenu, essentiellement, de la demande soutenue de l'industrie des biocarburants. Aux Etats-Unis, premier producteur mondial de maïs, la production devrait atteindre un record absolu, grimpant de 26 pour cent par rapport à 2006. Selon le rapport, des récoltes de maïs record sont également attendues en Amérique du Sud, avec la production du Brésil en hausse d'un quart par rapport au bon niveau de l'an dernier, ainsi qu'au Mexique, premier producteur d'Amérique centrale.Les stocks céréaliers sont à leurs plus bas niveaux. “Selon les indications actuelles, la récolte céréalière de cette année satisferait tout juste les niveaux prévus d'utilisation durant l'année à venir, ce qui empêcherait la reconstitution des stocks”, a déclaré Paul Racionzer du Système mondial d'information et d'alerte rapide de la FAO.Le rapport qualifie la situation des stocks de blé de “préoccupante”. La demande soutenue associée à une augmentation insuffisante de la production cette année, en particulier parmi les principaux pays exportateurs - qui sont aussi certains des plus gros détenteurs de stocks - devrait entraîner un prélèvement d'au moins 14 millions de tonnes dans les stocks mondiaux qui tomberaient à 143 millions de tonnes, soit leur plus bas niveau depuis 25 ans.Par ailleurs, les graves inondations, qui ont frappé l'Asie et l'Afrique de l'Ouest et de l'Est ces derniers mois, ont causé des pertes en vies humaines, des déplacements de populations et des dégâts aux infrastructures, compromettant les moyens d'existence de millions de personnes. Toutefois, en dépit de graves pertes de récoltes localisées, les précipitations abondantes ont favorisé le développement des cultures et les perspectives globales des récoltes céréalières de 2007 sont bonnes dans ces régions, a conclu le rapport de la FAO.