Un meneur des manifestations antigouvernementales organisées en Thaïlande depuis des semaines a été abattu hier à Bangkok alors qu'il parlait à la foule, a annoncé l'opposition. Le centre de secours Erawan a confirmé qu'un homme avait été tué par balles, sans préciser son identité, et neuf autres personnes blessées, lors de cette attaque. Ce nouvel incident meurtrier est survenu alors que les manifestants ont fortement perturbé dimanche le vote anticipé, obligeant à la fermeture de dizaines de bureaux de vote, à une semaine des législatives. Ce décès porte le bilan à dix morts depuis le début de la crise politique fin 2013. L'orateur tué est Suthin Tharathin, l'un des chefs de file de la Dhamma Army, un des groupes les plus jusqu'au-boutistes de la mouvance antigouvernementale organisée autour de Suthep Thaugsuban. Il a reçu une balle dans la tête alors qu'il faisait un discours depuis un pick-up, a déclaré Akanat Promphan, porte-parole des manifestants. La Dhamma Army, groupe religieux bouddhiste ultra-royaliste, s'occupe notamment de nourrir les manifestants gratuitement depuis le début du mouvement de rue, il y a près de trois mois. Parmi les autres groupes ultra-royalistes figurent le Réseau des étudiants et citoyens pour la réforme de la Thaïlande ou l'Armée du peuple contre le régime Thaksin, dont certains partisans n'hésitent pas à réclamer un retour à la monarchie absolue. L'opposition boycotte le scrutin proposé comme une sortie de crise, après des semaines de manifestations quasi-quotidiennes à Bangkok, allant jusqu'à un blocage de la circulation dans certains quartiers. Au-delà de la Première ministre Yingluck Shinawatra, est visé son frère, Thaksin Shinawatra, lui-même ex-Premier ministre victime d'un coup d'Etat en 2006, et en exil pour échapper à des poursuites pour malversations. L'opposition l'accuse de continuer à diriger le pays, à travers sa sœur.