Une explosion a eu lieu hier à Bangkok lors d'un défilé de manifestants qui réclament depuis des semaines la chute du gouvernement thaïlandais, blessant au moins 28 personnes, selon les secours. La bombe a explosé un peu après 13H00 (06H00 GMT), a déclaré le porte-parole adjoint de la police nationale, le colonel Anucha Romyanan. Le dernier bilan que nous avons est de 28 blessés, a indiqué une responsable du centre de secours Erawan, qui n'a pu donner de précisions sur la gravité des blessures. La chaîne de télévision pro-manifestants Bluesky, qui a diffusé des images de flaques de sang, d'ambulances et de personnes allongées par terre, a assuré qu'un engin explosif avait été lancé sur le défilé. L'explosion s'est produite aux avant-postes d'un défilé auquel participait le meneur du mouvement Suthep Thaugsuban, visé par un mandat d'arrêt pour insurrection. Depuis le début de la crise politique qui a fait huit morts en deux mois et demi, une série d'attaques conduites par des personnes non identifiées a eu lieu contre les opposants au gouvernement. Mais ces tirs ou explosions se sont généralement produits en pleine nuit dans des campements installés par le mouvement. Cette semaine, un engin explosif a été lancé sur une maison appartenant à l'ancien Premier ministre Abhisit Vejjajiva, chef de l'opposition, et deux personnes ont été blessées lors de tirs contre un camp de manifestants dans le centre-ville. Les leaders du mouvement ont régulièrement accusé les autorités d'être derrière ces incidents. Yingluck doit en assumer la responsabilité, a déclaré immédiatement après l'explosion de vendredi un des meneurs des manifestants, Satit Wonghnongtaey, depuis une des scènes installées à travers la ville. Le gouvernement, Yingluck et les voyous des " chemises rouges " créent la violence, a-t-il ajouté. Le mouvement pro-Thaksin des chemises rouges a de son côté nié être derrière cette attaque. Les rouges ne sont pas touchés par la paralysie de Bangkok, peut-être que des habitants qui sont touchés l'ont fait, a déclaré leur porte-parole Thanavut Wichaidit. Des dizaines voire des centaines de milliers de manifestants ont lancé lundi une opération de paralysie de Bangkok, occupant plusieurs carrefours stratégiques de la capitale. Les manifestants réclament le départ de la Première ministre, Yingluck Shinawatra, et la fin de ce qu'ils appellent le système Thaksin, du nom de son frère qu'ils associent à une corruption généralisée. L'ancien Premier ministre, Thaksin Shinawatra, qui reste le personnage central de la politique du royaume malgré son exil, a été renversé en 2006 par un coup d'Etat, engluant la Thaïlande dans des crises politiques à répétition divisant la société entre ceux qui l'adorent et ceux qui le haïssent. Pour tenter de sortir de l'impasse, Yingluck a convoqué des législatives anticipées pour le 2 février, mais les manifestants ne veulent pas de ce scrutin qui a toutes les chances d'être remporté par le parti au pouvoir, et le principal parti d'opposition, le Parti démocrate, le boycotte.
La Première ministre thaïlandaise visée par une enquête La veille la commission nationale anti-corruption thaïlandaise (NACC) a annoncé le lancement d'une enquête contre la Première ministre Yingluck Shinawatra. Elle porte un nouveau coup au gouvernement après plus de deux mois de manifestations. L'enquête va examiner une possible négligence de Mme Yingluck en lien avec un programme controversé d'aide aux riziculteurs qui passe par l'achat du riz par le gouvernement à un prix plus élevé que les cours mondiaux. La NACC a indiqué avoir déjà décidé d'inculper 15 autres personnes, dont l'ancien ministre du Commerce, pour corruption dans cette affaire, selon son porte-parole Vicha Mahakun. Le programme d'aide aux riziculteurs a été très critiqué par les opposants au gouvernement qui occupent des intersections majeures de Bangkok depuis lundi.
Division évoquée Ils estiment notamment que ce programme est surtout destiné à entretenir la popularité du parti pro-Thaksin au pouvoir dans ses bastions du nord du pays et a conduit à d'immenses invendus. Outre le départ de Mme Yingluck, les manifestants souhaitent se débarrasser de ce qu'ils appellent le "système Thaksin", du nom de son frère, l'ex-Premier ministre, qu'ils associent à une corruption généralisée. Alors que la justice a déjà chassé deux anciens Premiers ministres pro-Thaksin du pouvoir, en 2008, Mme Yingluck fait face à d'autres procédures judiciaires qui pourraient, selon les experts, mettre fin à son gouvernement.