La crise ukrainienne actuelle a été provoquée en bonne partie par les Etats-Unis et d'autres pays de l'Otan qui déploient d'importants moyens afin d'attiser la russophobie en Ukraine, a estimé avant-hier le conseiller du président russe pour l'intégration économique régionale, l'académicien Sergueï Glaziev. "La situation actuelle en Ukraine a différentes origines, mais je tiens à retenir celle qui est en règle générale passée sous silence. J'entends une influence extérieure colossale sur l'état intellectuel de la société ukrainienne. En 20 ans, Washington a officiellement débloqué 5 milliards de dollars (chiffre cité par la sous-secrétaire d'Etat américaine Victoria Nuland, ndlr) sous forme de bourses et d'autres soutiens financiers pour former une communauté intellectuelle d'experts antirusse qui attise les états d'esprit russophobes au sein de la société ukrainienne", a déclaré M. Glaziev dans une interview à la revue ''Gazprom''. Et d'ajouter que des "bourses de 5 000 à 10 000 dollars étaient distribuées par le biais de milliers d'ONG aux jeunes Ukrainiens (…) qui en rendaient compte par des publications dans la presse et des discussions publiques". Selon l'expert, le principal critère est qu'ils soient antirusses. "Or, ce chiffre (5 milliards de dollars) pourrait tripler, compte tenu des soutiens financiers de l'Union européenne et d'autres pays de l'Otan, ainsi que des subventions non officielles accordées via les canaux de services secrets", a indiqué M. Glaziev. L'académicien signale que l'ingérence extérieure ne doit en aucun cas être négligée dans la crise actuelle en Ukraine. "Il ne s'agit pas de successeurs de (Stépan) Bandera [nationaliste ukrainien ayant collaboré avec les nazis durant la Seconde Guerre mondiale] qui seraient subitement sortis des bois, mais d'un puissant travail de propagande qui a déjà détruit plus d'un Etat dans le monde et qui a créé aujourd'hui une situation explosive en Ukraine", conclut le conseiller du chef de l'Etat russe. Depuis fin novembre, l'Ukraine est en proie à des manifestations violentes lancées par l'opposition suite à la décision du gouvernement de suspendre la préparation d'un accord d'association avec l'UE. La contestation a repris de plus belle le 19 janvier après l'adoption de lois anti-émeutes jugées "liberticides" par les opposants. Des affrontements opposant les protestataires à la police ont eu lieu à travers le pays. A Kiev et ailleurs, les manifestants ont occupé des bâtiments administratifs. Trois personnes ont trouvé la mort lors de ces troubles.
Les troubles préparés d'avance Les policiers chargés d'enquêter sur les troubles survenus en Ukraine disposent de preuves attestant que les actions de protestation qui ont éclaté en novembre dernier à Kiev n'étaient pas spontanées, mais préparées d'avance, a annoncé Alexandre Gnativ, chef-adjoint de la Direction d'enquête auprès du ministère ukrainien de l'Intérieur. Selon lui, lors d'une perquisition effectuée dans une société de services informatiques, l'instruction a saisi des serveurs appartenant au parti d'opposition Batkivtchina (Patrie). "L'information stockée sur ces serveurs concernait le mouvement politique ukrainien Batkivtchina. Cette information atteste que les actions de protestation lancées le 21 novembre dernier à Kiev n'étaient pas spontanées, mais préparées d'avance. L'instruction dispose de documents confirmant que leurs organisateurs envisageaient la possibilité d'un recours à la force", a déclaré M. Gnativ lors d'une conférence de presse. Depuis novembre dernier, l'Ukraine est en proie à des manifestations massives dirigées contre le pouvoir en place. Le rassemblement organisé le 19 janvier au centre de Kiev a dégénéré en affrontements entre les forces de l'ordre et les militants radicaux de l'opposition. Ces affrontements ont fait trois morts, selon les autorités ukrainiennes. Le 28 janvier, le président Viktor Ianoukovitch a accepté la démission du Premier ministre Nikolaï Azarov et a chargé le vice-Premier ministre Sergueï Arbouzov de diriger le gouvernement par intérim.