«On observe en Ukraine tous les signes d'une tentative de coup d'Etat, le président Viktor Ianoukovitch disposant toutefois encore de temps pour corriger la situation», a estimé hier Mikhaïl Marguelov, président de la commission des affaires internationales du Conseil de la Fédération (sénat russe). «Mais pour cela, il faut que les négociations (entre le pouvoir et l'opposition, ndlr) aboutissent à des résultats concrets, car la situation s'est fortement aggravée. A son tour, l'opposition ne devrait pas lancer d'ultimatums (…). Le temps presse. Le processus de négociations n'a pour le moment débouché sur aucun résultat, les protestations se poursuivent. Nous sommes à la veille d'un week-end, période durant laquelle, en règle générale, l'activité des protestataires s'accroît», a poursuivi le sénateur. Selon lui, les leaders de l'opposition perdent le contrôle sur les manifestants. Selon le ministère ukrainien de l'Intérieur, 218 policiers ont été blessés depuis le 19 janvier, tandis que plus de 70 personnes ont été interpellées à Kiev pour participation aux troubles de masse. Deux personnes ont trouvé la mort dans les affrontements, selon le parquet général ukrainien. Des activistes extrémistes ukrainiens occupent le ministère de la Politique agraire, dans le centre de Kiev, a annoncé hier matin la chaîne ukrainienne Espreso TV citant la page Facebook du coordinateur du mouvement, Alexandre Daniliouk. «Les activistes de Cause commune viennent d'occuper les locaux du ministère de la Politique agraire», a écrit M. Daniliouk. Le ministère est situé en plein centre de Kiev, à 100 mètres de la place de l'Indépendance. Les affrontements entre les manifestants et la police durent depuis le 19 janvier et les experts estiment qu'il est temps pour les médiateurs internationaux, notamment l'UE et la Russie, de s'impliquer dans le règlement de la crise ukrainienne. Les événements récents en Ukraine poussent à tirer une triste conclusion : les parties en conflit n'arriveront pas à sortir de l'impasse et à éviter le pire des scénarios - la guerre civile - sans aide extérieure. Du côté des autorités comme de l'opposition les belligérants se comportent de manière confuse et incohérente. L'approche de l'opposition n'est pas plus rassurante. Même les leaders modérés (Vitali Klitchko semble faire partie des plus sensés) ne semblent pas très convaincants. Ce dernier accepte d'abord de dialoguer avec les autorités, s'entretient avec le président Ianoukovitch à deux reprises, puis annonce sa sortie des négociations et dénonce les manifestants radicaux en les qualifiant de provocateurs, avant d'imiter finalement le néonazi Oleg Tiagnybok en poussant la foule rassemblée sur le Maïdan à scander «Gloire aux héros !» Le Conseil de sécurité russe se penche sur la situation La situation en Ukraine a été évoquée hier lors d'une réunion des membres du Conseil de sécurité russe présidée par Vladimir Poutine, a annoncé le porte-parole du président russe Dmitri Peskov. «Les participants à la réunion ont échangé leurs points de vue sur la situation qui règne en Ukraine», a fait savoir le porte-parole. «Le règlement syrien a été également évoqué dans l'optique des résultats du premier round des négociations tenues à Montreux dans le cadre de la conférence de Genève-2», a-t-il poursuivi. Parmi les participants à la réunion figuraient entre autres le premier ministre Dmitri Medvedev, le chef de l'administration présidentielle Sergueï Ivanov, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères Sergueï Choïgou et Sergueï Lavrov, ainsi que le directeur du Service fédéral de sécurité (FSB) Alexandre Bortnikov.