La grève dans le secteur de l'éducation se poursuit, mettant en péril l'année scolaire. Ce débrayage a pris un dangereux tournant. Les fortes divergences entre syndicats grévistes et le ministère de l'Education nationale restent fortement ancrées. Chacun campe sur ses positions et la glace n'est pas près de se rompre. Les enseignants n'en font qu'à leur tête. Ils ont décidé à l'unanimité de reconduire le mouvement de grève pour une 4ème semaine consécutive, sans se soucier des menaces du ministre de l'Education, Abdelatif Baba Ahmed à leur égard. Par ailleurs, les deux côtés sont diversifiés quant au taux de suivi. En effet, selon le ministère de l'Education, celui-ci est en "net recul", alors que les syndicats grévistes jugent l'adhésion des enseignants "plus conséquente". Selon le chargé de communication du ministère de l'Education nationale, Fayçal Haffaf, l'adhésion au mot d'ordre de grève "s'estompe de plus en plus", précisant que le taux de suivi avoisine les 11%. "Nous appelons les grévistes à faire prévaloir le sens de la sagesse et de la raison pour l'intérêt de l'élève", a-t-il indiqué dans une déclaration à l'APS. Pour le président du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (SNAPEST), Meziane Meriane, le taux de suivi a dépassé les 75% dans l'ensemble des wilayas du pays, soulignant que cela traduisait la volonté des enseignants d'avoir des réponses "concrètes et sérieuses" à leur attentes. Il a affirmé, dans ce cadre, le "ras-le-bol" des enseignants devant "les réponses approximatives et évasives de la tutelle" à leurs doléances, soutenant qu'"ils (enseignants) veulent avoir des réponses claires, sérieuses et concrètes pour arrêter ce mouvement", a-t-il expliqué. Pour sa part, le président du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST), Larbi Nouar, a indiqué que le taux de suivi dépasse les 85%, précisant qu'une "plus grande" adhésion à ce débrayage a été enregistrée dans les collèges et les écoles primaires du pays. "Le ministère ne cherche pas à trouver des solutions à nos problèmes, au contraire, il brandit le bâton de la menace. Les enseignants se sont sentis touchés dans leurs amour propre et leur dignité en constatant que le ministre de l'Education évoquait l'éventualité de la révocation des grévistes", a-t-il indiqué. Il a ajouté que la tutelle est tenue d'organiser des rencontres "sérieuses et fructueuses" avec les partenaires sociaux pour donner des réponses "concrètes" à leurs attentes. De son côté, le président de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (l'UNPEF), Sadek Dziri, a estimé que l'appel à la grève avait enregistré une adhésion "massive" des enseignants, appelant la tutelle à organiser un dialogue "serein et sérieux" pour sortir de cette "impasse". Le mot d'ordre de grève avait été lancé par le SNAPEST, le CNAPEST et l'UNPEF. Ces syndicats avaient séparément appelé à une grève pour la révision du statut particulier, notamment, dans son volet relatif aux promotions et à l'actualisation des indemnités dans les régions du Sud et des Hauts-Plateaux. Le ministre de l'Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed, n'a pas écarté, lors d'un point de presse animé samedi, en marge de la journée d'étude sur la réforme du service public, l'éventualité du report des examens de fin d'année 2013-2014, si la grève que connaît le secteur se poursuivait pour la quatrième semaine consécutive, en raison de l'impossibilité de rattraper le retard accusé dans les cours. Ainsi, le deuxième délai accordé aux enseignants grévistes par le ministère de l'éducation a expiré hier. Désormais la tutelle risque de mettre ces menaces à exécution. ça sera donc au menu l'envoi des mises en demeure ainsi que des licenciements.