Le sort de Keystone XL, un projet très controversé d'oléoduc géant reliant les sables bitumineux du Canada aux raffineries du Texas sera débattu aujourd'hui lors d'une réunion publique dans le Nebraska. Qu'est-ce que Keystone XL? C'est un projet d'extension de l'oléoduc Keystone, construit par le groupe canadien TransCanada, qui relie déjà la province canadienne de l'Alberta à des terminaux pétroliers dans l'Illinois (nord). En 2008, TransCanada présente le projet d'un second oléoduc destiné à relier plus rapidement l'Alberta au Texas via le Montana (nord-ouest). La portion Oklahoma-Texas, qui ne nécessitait pas l'accord du président américain (nécessaire pour la portion traversant la frontière) a déjà été entamée. Pourquoi cet oléoduc est-il controverse? Dans le tracé initial, la portion entre la province canadienne de l'Alberta et le Nebraska, longue de 1 897 kilomètres et estimée à 5,3 milliards de dollars, est critiquée par les opposants au projet, qui mettent en garde contre les risques de fuite de pétrole pour les réserves naturelles de Sand Hills aux écosystèmes fragiles. Début 2012, Barack Obama, pressé par le temps, refuse d'accorder son feu vert à ce tracé. Un nouveau projet de tracé, présenté comme plus respectueux de l'environnement et qui contourne la réserve naturelle des Sand Hills, a reçu en janvier l'aval du Nebraska, mais les écologistes critiquent également l'origine du pétrole acheminé. Les sables bitumineux de l'Alberta nécessitent une extraction énergivore et productrice d'un grand volume de gaz à effet de serre. Retombées économiques Selon le département d'Etat, la réalisation de Keystone XL créerait environ 42 000 emplois pendant la construction (un an ou deux) et génèrerait plus de 2 milliards de dollars de revenus. Les opposants avancent que le projet ne créera que 35 emplois permanents de maintenance et privera le secteur de l'énergie verte de milliers d'emplois qui auraient pu être crées. Dépendance énergétique TransCanada avance que Keystone permettra de transporter 830 000 barils de brut par jour du Canada vers les raffineries du golfe du Mexique. Il permettrait ainsi, selon le groupe, de réduire la dépendance énergétique américaine de 40% envers le Venezuela et le Moyen-Orient. Les opposants assurent en revanche que Keystone n'aura aucun impact sur l'autonomie énergétique des Etats-Unis car la majorité du pétrole qui sera acheminé vers les raffineries sera en réalité, affirment-ils, exporté vers l'Europe et l'Amérique Latine. Sécurité Selon TransCanada, l'acheminement de pétrole via des oléoducs souterrains est bien plus sûr que le transport maritime ou ferroviaire. La société avance que 4,6 millions de kilomètres d'oléoducs transportent quotidiennement 99,9998% du pétrole et du gaz naturel à travers les Etats-Unis de manière sûre et fiable. Keystone XL sera également équipé de 21 000 radars qui fourniront des rapports toutes les 5 secondes par satellite et permettront d'isoler des tronçons présentant des problèmes en quelques minutes grâce à des vannes actionnées à distance. Les opposants rappellent que Keystone a connu une douzaine de fuites dès sa première année d'exploitation, dont près de 80 000 litres dans le Dakota du Nord.