La rencontre entre le gouvernement et les 48 walis du pays s'ouvre, aujourd'hui, dans un contexte bien particulier. Elle devra, en principe, répondre aux interrogations sur la situation du pays à travers ses aspects politiques, économiques, sociaux et culturels, en dégageant des solutions inspirées d'une véritable stratégie politique, dont les axes d'action s'articuleront autour de l'analyse faite personnellement par le président Abdelaziz Bouteflika à l'issue des auditions des membres du gouvernement. Noureddine Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales estime que cette rencontre constitue une "opportunité" pour faire le point sur la mise en application des décisions prises lors de la dernière rencontre, mais également pour situer les faiblesses constatées dans la réalisation des projets inscrits, a affirmé vendredi "Cette conférence, à l'instar de celles qui l'ont précédées, est essentielle, compte tenu de l'importance du poids et du volume du programme d'appui à la croissance économique qui est en cours de réalisation", a indiqué le ministre , ajoutant que "ce sera l'occasion pour nous de présenter l'état de mise en application et de situer les points de faiblesse que nous avons relevés, notamment dans certaines actions sur lesquelles nous sommes en retard". Ceci d'autant, a-t-il précisé, que lors de la dernière rencontre gouvernement-walis, le président Bouteflika, "avait demandé aux participants de traduire en textes d'applications toutes les décisions qui ont été prises".Cette réunion a pour but également, selon le ministre, de "voir ce qui a été fait", en termes d'application des décisions prises lors de la dernière conférence, présidée par le chef de l'Etat, le 25 juin 2006, et de "réfléchir sur la meilleure manière de résoudre les principaux problèmes qui se posent à travers le pays et, en particulier, les difficultés que nous pouvons rencontrer dans l'application du plan de soutien à la croissance économique, en termes d'enveloppe financière et de nombre de projets".S'agissant du niveau de retard accusé dans la réalisation des différents projets, M. Zerhouni a relevé que cela "diffère d'une région à une autre", soulignant par exemple que "dans le sud du pays où dans les Hauts-Plateaux, régions où il existe peu de moyens de réalisation, l'état d'engagement des projets est plus en retard qu'ailleurs", mais en somme, a-t-il affirmé, "les choses sont bonnes".La responsabilité ici, est celle de l'ensemble des institutions solidaires à des degrés divers. Elle est aussi, celle de la société civile qui recèle d'immenses potentialités qui peuvent apporter d'énormes contributions à la reconstruction du renouveau national. Reconnaître la présence de la société civile, dans la vie nationale, est une nécessité objective, parce que c'est à partir de là, et en tenant compte du poids de la société et en prenant en considération les données actuelles d'un paysage politique algérien en " panne " et qui se complet encore dans un repliement frileux et souvent politicien, qu'il faudra forger le retour de la société civile dans la gestion de ses propres affaires. Les défis et les enjeux, qui attendent l'Algérie, sont trop importants pour que le repli sur soi puisse constituer la meilleure attitude. L'heure, est aussi, à faire " table rase sur le passé ", l'avenir de la nation, grâce au sursaut national, présent depuis 1999, se présente avec moult lueurs d'espoirs. Les études menées par des institutions, économiques et financières internationales l'attestent. Et il n'en demeure pas moins que les axes du renouveau, initié par le président de la République, sont liés à une véritable politique de développement qui couvre, l'ensemble des régions du pays. Dans ce contexte le ministre de l'Intérieur évoquera les projets au niveau local, qu'il s'agisse des programmes communaux ou des programmes sectoriels de développement, gérés directement par les walis, le ministre a estimé à 3400 milliards de dinars le volume de crédits.Il a souligné, à ce propos, que "ce n'est pas une petite affaire" car, a-t-il soutenu, "c'est la première fois que l'Etat et l'administration algérienne ont à gérer une enveloppe budgétaire de cette importance et à laquelle s'ajoutent l'ensemble des grands projets centralisés, à l'exemple de ceux de l'hydraulique, de l'autoroute et des chemins de fer qui vont poser de grands problèmes de mobilisation".Citant l'exemple du projet de l'autoroute Est-Ouest, qui s'étale sur quelque 1200 kilomètres, M. Zerhouni a indiqué que ce projet "nécessite une mobilisation rigoureuse, non seulement au plan de la préparation des chantiers, mais aussi en termes d'expropriation des terrains occupés par des particuliers qui doivent être indemnisés".Cette opération, a-t-il fait remarquer, "exige, à elle seule, énormément d'efforts", ajoutant que durant la réunion gouvernement-walis, "il s'agira d'expliquer et de voir la nature des problèmes qui se posent dans ce genre de situations".L'autre problème qui se pose est, d'après le ministre, celui des "détournements des réseaux routiers et de chemins de fer" qui nécessitent, a-t-il dit, de grands travaux de déviations."Ce sont des tâches concrètes et précises dont il faudra avoir une bonne idée de l'ampleur qu'elles revêtent et pour lesquelles nous devons mobiliser des moyens pour y faire face", a-t-il mentionné. Ces problèmes seront discutés au niveau de l'atelier sur les actions en relation avec le lancement des projets de l'autoroute et des chemins de fer, a-t-il indiqué.S'agissant de la revitalisation des zones rurales, M. Zerhouni a fait état d'une démarche "qui avait fait l'objet d'un grand travail d'écoute, de visites sur le terrain, de recueils de propositions par les populations", et "qui fait l'objet, à présent, d'une analyse consistante et de propositions concrètes"."Tous les secteurs oeuvrent dans l'intérêt des zones rurales, mais souvent, il n'y a pas de cohérence entre les programmes des différents secteurs", a déploré M. Zerhouni, précisant que "l'idée est de mettre en place un dispositif qui puisse coordonner toutes ces actions visant le développement des zones rurales"."Il s'agit de mieux mobiliser les ressources financières, qui sont disponibles, et de les répartir entre les différents secteurs concernés", a-t-il préconisé.Pour ce qui est du volet relatif au budget de l'Etat, M. Zerhouni a indiqué que "l'idée est de parvenir à une nouvelle formule à ce sujet pour se mettre au diapason de la 'tendance moderne' dans l'élaboration des budgets uniques".Rappelant que le ministère des Finances travaille, depuis quatre années, sur la mise en place de cette nouvelle forme d'élaboration du budget de l'Etat, M. Zerhouni a estimé, toutefois, qu'"il n'est pas évident de passer de l'ancien au nouveau système, lequel est difficile à mettre en place". "Notre but est d'expliquer d'abord la démarche de présentation du budget de l'Etat, mais aussi ses répercussions au niveau local", a-t-il précisé.L'autre élément est de "bien préciser comment nous allons assumer la transition de l'ancien système d'élaboration du budget vers la nouvelle formule". "D'ailleurs, pour l'année 2007, nous allons lancer ce budget, prendre les deux formules et continuer à gérer notre budget selon l'ancienne formule, mais à côté, il y aura la mise en place de la nouvelle formule de manière à voir si nous arrivons à prendre réellement en charge toutes les opérations budgétaires en attendant de roder l'ensemble des services", a-t-il encore expliqué.Pour ce qui est de la mise en oeuvre des projets, le ministre a recensé 872 cas d'appels d'offres infructueux sur plus de 16000 projets inscrits, ce qui représente, selon lui, "moins de 10 %". D'autre part, il a fait état de 91 opérations non réalisées par manque de bureaux d'études, 36 autres n'ayant pas trouvé d'entreprises de réalisation, alors que 270 autres nécessitent une réévaluation.Au sujet de la création d'emplois, le ministre a fait savoir que dans de nombreuses wilayas, "la main-d'oeuvre continue à faire défaut", ajoutant que pour la main-d'oeuvre qualifiée, notamment dans le domaine du bâtiment et des travaux publics (BTP), d'une manière générale, "les chiffres en notre possession font état d'un besoin de 170.000 ouvriers qualifiés pour faire face à la réalisation des projets inscrits". "Il va falloir que les centres de formation réorientent les stagiaires vers les spécialités dont a besoin, notamment le secteur du BTP et l'agriculture", a-t-il suggéré.Abordant le programme de 100 locaux par commune, M. Zerhouni a considéré que les choses ont "beaucoup avancé". Il a estimé, à ce propos, que les études de 127.000 locaux "sont achevés", "9.800 en cours" et "1.100 non encore lancés", ajoutant que 90.000 locaux "sont en cours de construction", soit 65 % du programme, et 7.000 locaux, soit 5% du programme, sont déjà achevés.