Les talibans ont attaqué hier à l'aube un poste de l'armée afghane dans une province frontalière du Pakistan, tuant 20 soldats, l'attaque la plus meurtrière contre l'armée afghane depuis plusieurs mois. Le président Hamid Karzaï a condamné l'attaque et reporté son départ prévu dans la journée pour le Sri Lanka. Les talibans ont fait prisonniers sept soldats qu'ils ont emmenés avec eux après l'assaut mené dans le district de Ghaziabad appartenant à la province de Kounar (est), a déclaré le gouverneur, Shujah-Ul Mulk Jalala. Les insurgés ont bénéficié de la complicité de certains soldats, a-t-il dit. Des forces supplémentaires ont été envoyées sur place et l'armée a lancé une opération pour tenter de récupérer les soldats enlevés, a précisé un responsable du ministère de la Défense à Kaboul. Les talibans ont lancé une attaque suicide contre les renforts qui ont aussi essuyé des tirs, mais aucun soldat n'a été blessé, a-t-on ajouté de même source. Les talibans ont revendiqué l'attaque dans un SMS envoyé à des journalistes : Les moudjahidine ont pris un avant-poste stratégique de l'ennemi lors d'un assaut la nuit dernière à Ghaziabad. L'Afghanistan est entré dans une période d'incertitudes à l'approche du retrait de la cinquantaine de milliers de soldats de la force de l'Otan d'ici à la fin de l'année. Ce retrait fait craindre une flambée de violences dans le pays. Ce départ s'effectue de surcroît dans un contexte politique sensible, avec une élection présidentielle prévue le 5 avril prochain. Les Etats-Unis souhaitent maintenir des troupes en Afghanistan après 2014 mais le président Hamid Karzaï refuse à ce jour de signer l'accord bilatéral de sécurité (BSA) encadrant leur présence dans le pays après 2014. Le président Hamid Karzaï a de nouveau exhorté le Pakistan dimanche à soutenir les efforts de Kaboul dans sa lutte contre les insurgés talibans, qu'il accuse Islamabad d'abriter à sa frontière, selon son porte-parole Aimal Faizi. Le président Karzaï rappelle une nouvelle fois au gouvernement pakistanais que le terrorisme est une grave menace contre nos deux pays et demande au Pakistan de coopérer avec sérieux et détermination avec le gouvernement afghan, a-t-il dit. Le Pakistan doit prendre des mesures résolues pour éliminer les repaires terroristes au Pakistan, a-t-il ajouté. Le Pakistan est historiquement lié aux talibans, qu'il avait aidés en sous-main à prendre le pouvoir à Kaboul en 1996. Et nombre d'entre eux se sont réfugiés chez lui après 2001. Mais aujourd'hui, Islamabad, échaudé par la sanglante émergence de rebelles talibans pakistanais sur son sol, promet officiellement en Afghanistan un processus de paix incluant toutes les factions, sans favoritisme. Comme Kaboul, et comme les talibans modérés. Mais une partie des services secrets pakistanais restent accusés de tout faire pour garder le contrôle du mouvement taliban afghan pour défendre leurs intérêts en Afghanistan. Quant aux tentatives de pourparlers de paix directs avec les rebelles talibans, auxquelles ont pris part les Etats-Unis, elles n'ont pour l'instant débouché sur aucun résultat concret.