Le Parlement chypriote a échoué, avant-hier, à adopter une loi controversée sur la privatisation des principaux services publics, ce qui pourrait compromettre le versement d'une nouvelle tranche d'un prêt international obtenu il y a un an par l'île méditerranéenne. Au bord de la faillite, Chypre avait décroché en mars 2013 un plan de sauvetage international de 10 milliards d'euros assorti de conditions draconiennes, dont la privatisation des principaux services publics. Le résultat de ce vote pourrait ainsi remettre en cause le versement d'un nouveau versement de 236 millions d'euros de la troïka (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international). La télévision publique estimait en soirée que si les créditeurs internationaux réagissaient mal à cette décision du Parlement, un nouveau vote pourrait être organisé dans les prochains jours. Autre possibilité, selon la télévision, le président de droite Nicos Anastasiades pourrait être amené à renégocier l'accord de privatisation avec la troïka. Vingt-cinq députés ont voté en faveur du projet, 25 contre et cinq se sont abstenus, alors qu'une majorité simple était nécessaire pour approuver le texte. Alors que les formations d'opposition s'étaient opposés au projet, le gouvernement espérait cependant que le parti de centre-droit Diko, qui a quitté jeudi la coalition gouvernementale, voterait en faveur du texte avec le parti de droite au pouvoir, Disy. Mais les députés de Diko ont décidé de s'abstenir, après que le gouvernement eut rejeté certains des amendements qu'ils voulaient. Des centaines de manifestants s'étaient rassemblés plus tôt dans l'après-midi devant le Parlement, à Nicosie, face à quelque 200 policiers anti-émeutes. La semaine a été marquée par des grèves des salariés des compagnies de l'électricité (EAC), des Télécoms (Cyta) et de l'Autorité des Ports, les trois sociétés qui doivent être privatisées. Les syndicats avaient appelé à une grève de 24 heures jeudi dans les principaux ports de Chypre, Limassol et Larnaca. Les employés d'EAC avaient également fait grève mercredi, entraînant des coupures de courant, ainsi que l'autorité des télécoms, qui a fermé lundi pour trois jours. Des heurts avaient eu lieu lundi avec des policiers devant le Parlement quand des centaines d'employés de l'EAC avaient tenté d'entrer de force dans le bâtiment. La mobilisation des syndicats a été critiquée par les employeurs, selon lesquels ils risquent de porter un coup fatal à une économie déjà très affaiblie. Le gouvernement a assuré que les droits des travailleurs seraient protégés, et que les employés pourraient acquérir des parts des entreprises, mais certains craignent qu'il ne vende à un trop bas prix, et que les privatisations soient mauvaises pour les employés et les consommateurs. Les grèves de cette semaine étaient les premières depuis que Chypre a dû recourir au prêt de 10 milliards d'euros pour échapper à la faillite en raison de l'exposition de ses banques à la dette grecque. En plus des privatisations, Chypre a dû liquider sa deuxième banque et restructurer la première (faisant perdre aux déposants entre 47,5 et 100% de leurs avoirs au-delà de 100 000 euros), et s'engager à des coupes budgétaires drastiques.