Total envisage de construire un complexe pétrochimique de taille mondiale en Irak, dans le cadre de sa stratégie de développement de ses activités de raffinage-chimie sur les marchés en croissance du Moyen-Orient, a annoncé le géant pétrolier. Le directeur général de la branche raffinage-chimie de Total, Patrick Pouyanné, a signé en novembre 2013 une lettre d'intention avec le vice-ministre irakien de l'Industrie et des Mines, Mohammed Abdullah Mohammed Zain, portant sur l'étude et la construction d'un complexe pétrochimique dans la zone portuaire de Bassorah, dans le sud de l'Irak. Il s'agit d'un accord entre le ministère de l'Industrie et des Mines irakien et Total pour une étude de préfaisabilité d'un complexe pétrochimique de taille mondiale en Irak, a déclaré une porte-parole du groupe pétrolier. Il s'agit à ce stade de discussions exploratoires qui doivent être confirmées dans les prochains mois, a-t-elle ajouté, sans pouvoir préciser le montant de l'investissement envisagé. L'estimation du coût total dépend des choix conceptuels qui restent à faire à ce stade. Total souhaite renforcer ses activités de raffinage-chimie sur les marchés en croissance de l'Asie et du Moyen-Orient, où il est présent de longue date, alors que cette branche est à la peine en Europe, en raison des difficultés persistantes du raffinage, pénalisé par la concurrence internationale. Ce projet se conçoit dans le cadre de la stratégie intégrée du groupe dans les pays producteurs: le développement de projets aval viendrait en complément de projets amont (exploration-production). Compte tenu de son passé et de son présent en Irak, le groupe s'intéresse naturellement à la valorisation des ressources gazières dans le pays, a déclaré Patrick Pouyanné. Matière première meilleur marché Total, une des principales compagnies pétrolières internationales, investit aujourd'hui 15% de ses capitaux dans la zone Asie-Moyen-Orient, et souhaite augmenter cette part à 30% d'ici à 2017. Ces marchés lui permettent aussi d'accéder à une matière première, meilleur marché que le naphta, dérivé du pétrole utilisé par la pétrochimie européenne. En pétrochimie, la matière première et son coût comptent beaucoup et l'Irak est potentiellement riche en éthane et en GPL (gaz de pétrole liquéfié). C'est aussi potentiellement un marché domestique significatif, a expliqué la porte-parole. L'Irak souhaite développer son industrie pétrochimique, encore embryonnaire aujourd'hui, en attirant des investisseurs étrangers. La compagnie anglo-néerlandaise Shell a également fait part de son intérêt pour la construction d'une usine pétrochimique dans le pays. Total est déjà présent en Irak dans le secteur de l'exploration-production. Depuis 2010, il y détient une participation de 18,75% dans le gisement pétrolier d'Halfaya, dans la province de Missane (sud), aux côtés du chinois Petrochina, du malaisien Petronas et de la société publique irakienne South Oil Company. Il possède également des intérêts dans quatre blocs d'exploration pétrolière et gazière au Kurdistan irakien. Le groupe français est un acteur historique au Moyen-Orient, où il développe des plateformes de raffinage ou de pétrochimie en partenariat avec les compagnies nationales des grands pays producteurs comme en Arabie Saoudite ou au Qatar. Il a ainsi démarré en 2013 une méga-raffinerie à Jubail, dans l'est saoudien, co-exploitée avec la compagnie pétrolière publique Saudi Aramco. Total a vu son bénéfice net chuter de 20% en 2013, à 8,4 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 189,5 milliards (-5%), pénalisé par des charges d'exploration plus élevées et la mauvaise performance du raffinage. La major continue toutefois de tabler sur une progression de sa production d'hydrocarbures.