La Russie appelle à faire rentrer la situation en Ukraine dans le cadre politique, pour permettre à ce pays de sortir de la crise, a déclaré hier le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies Vitali Tchourkine. “Il faut faire rentrer cette situation (en Ukraine) dans la voie politique, dans le cadre constitutionnel, retourner à l'accord du 21 février et créer un gouvernement d'unité nationale. Il faut également arrêter d'essayer de recourir au langage de la force avec les opposants politiques ou ethniques ", a déclaré le diplomate russe. Selon M. Tchourkine, il faut également "serrer la bride" aux radicaux et conseiller à l'opposition politique ukrainienne de prendre ses distances avec les radicaux. Or, au mépris des ententes intervenues et sans attendre que la loi modifiant la Constitution soit signée par Viktor Ianoukovitch, les députés ont voté un décret transférant les pouvoirs de chef de l'Etat au président de la Rada suprême, Alexandre Tourtchinov.
Poutine et Obama évoquent la situation Le président russe Vladimir Poutine a évoqué la situation en Ukraine avec son homologue américain Barack Obama lors d'un entretien téléphonique, déclarant que si la violence se propageait dans l'est de l'Ukraine et en Crimée, la Russie se réservait le droit de défendre ses intérêts et ceux de la population russophone dans ces régions, a annoncé hier le service de presse du Kremlin dans un communiqué. "En réponse aux préoccupations exprimées par Barack Obama au sujet d'un éventuel recours aux forces armées russes sur le territoire de l'Ukraine, Vladimir Poutine a attiré l'attention sur les actions criminelles et provocantes des éléments ultranationalistes qui sont de fait encouragés par Kiev", indique le communiqué. Le président russe a également mis l'accent sur une menace réelle à la vie des Russes et des personnes russophones se trouvant sur le territoire de l'Ukraine. "Vladimir Poutine a souligné qu'en cas de propagation de la violence dans les régions est de l'Ukraine et en Crimée, la Russie se réservait le droit de défendre ses intérêts ainsi que la population russophone dans ces régions", souligne le communiqué. Le Conseil de la Fédération, réuni en séance extraordinaire, a autorisé samedi le recours à la force en Ukraine "en raison de la situation extraordinaire dans ce pays, de la menace pesant sur la vie des citoyens russes et des effectifs du contingent militaire russe qui sont déployés dans la république autonome ukrainienne de Crimée conformément à un accord bilatéral". La résolution est déjà entrée en vigueur. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine a plus tard expliqué que le feu vert donné par le Conseil de la Fédération ne signifiait pas que Moscou procéderait immédiatement à la réalisation de cette décision.
Recours à la force en Ukraine: aucune décision de Poutine Le président russe Vladimir Poutine n'a pas encore décidé d'envoyer des troupes en Ukraine, malgré l'adoption par la chambre haute russe d'une résolution à ce sujet, a déclaré le porte-parole du président russe Dmitri Peskov. "Il s'agit d'une position du Conseil de la Fédération. C'est au président de prendre une décision. Pour le moment, il ne l'a pas encore prise", a indiqué M. Peskov commentant l'adoption par le Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe) d'une résolution donnant le feu vert à l'envoi de troupes russes en Ukraine.
Les militaires ukrainiens quittent leurs unités Les militaires ukrainiens quittent leurs unités déployées en Crimée et démissionnent massivement, a rapporté hier un correspondant de RIA Novosti. Les unités, le matériel et les arsenaux délaissés passent aux mains des forces d'autodéfense qui assurent l'ordre et la sécurité dans la région. Samedi, le premier vice-Premier ministre de la république autonome ukrainienne de Crimée Roustam Temirgaliev a déclaré qu'il ne restait plus d'unités valides de l'armée ukrainienne sur le territoire de la péninsule.
94 morts depuis fin novembre Le nombre des personnes tuées dans les affrontements en Ukraine depuis le 30 novembre 2013 a atteint 94, a annoncé le ministère ukrainien de la Santé. "Au total, 88 personnes ont été tuées à Kiev depuis le début des affrontements le 30 novembre 2013. Six personnes sont mortes dans d'autres régions ukrainiennes: deux dans la république autonome de Crimée, deux dans la région de Khmelnitski et deux dans celle de Tcherkassy", a indiqué le ministère. Selon le ministère, 900 blessés ont sollicité des soins médicaux à Kiev depuis la mi-février. 242 personnes sont hospitalisées. La crise politique a éclaté en Ukraine fin novembre 2013 suite à la décision du parlement de suspendre la préparation à la signature de l'accord d'association avec l'UE. Des manifestations tenues en Ukraine ont dégénéré en affrontements violents entre opposants et policiers. Le 23 février, la Rada suprême (parlement) a démis le président ukrainien Viktor Ianoukovitch de ses fonctions, modifié la Constitution, fixé la présidentielle au 25 mai et a chargé le président du parlement Alexandre Tourtchinov d'assurer l'intérim de la présidence. M.Ianoukovitch, réfugié en Russie, a qualifié les événements ukrainiens de coup d'Etat et a refusé de quitter son poste.