L'Espagne fait face à un risque continu de pollution alors qu'une dizaine d'installations pétrolières opèrent le long de ses côtes et que de nouvelles prospections sont envisagées au large des îles Canaries et Baléares, a dénoncé cette semaine l'association Ecologistas en Accion. Outre le danger pour les espèces marines, les activités de prospection nuisent aussi à la pêche: il y a une réduction de capture jusqu'à 80% dans les zones de prospection, a expliqué, lors d'une conférence de presse, Angeliki Lysimachou, du département maritime de l'association de défense de l'environnement. Andalousie (sud), région de Valence (est), Catalogne (nord-est), Asturies et Pays Basque (nord-ouest): toutes les régions côtières du pays font l'objet de permis d'exploration pétrolière, selon le rapport présenté par Ecologistas en Accion. Et même les îles Canaries et Baléares, très prisées des touristes, n'y échappent pas: pour les premières, le groupe espagnol Repsol n'attend plus qu'un dernier feu vert du ministère de l'Environnement pour commencer les prospections. Et pour les secondes, le groupe Capricorn Spain Limited, filiale de l'Ecossais Cairn, a fini la phase d'enquête publique et doit désormais passer le test de l'impact environnemental. Il y a une opposition sociale forte à ces prospections, car c'est une menace à l'intégrité de la Méditerranée, explique Carlos Arribas, porte-parole de l'association dans la région de Valence, citant les manifestations massives organisées fin février dans cette région et aux Baléares. Les écologistes dénoncent aussi la méthode utilisée pour ces prospections, via des canons d'air comprimé qui dégagent un volume sonore très élevé et nocif pour l'environnement marin, dans ces zones de migration de tortues marines et de cétacés. Les Canaries sont considérées comme une réserve de biodiversité de la planète, un motif d'incompatibilité absolue avec la recherche de pétrole, souligne Noelia Sanchez, porte-parole de l'association dans cette région, citant elle aussi le fort rejet social suscité par ce projet. Ces prospections sont pourtant vues d'un bon oeil, pour l'instant, par le ministère de l'Industrie, qui y voit aussi un moyen de réduire la dépendance du pays en matière énergétique. L'Espagne est en effet le pays de l'OCDE avec la plus forte dépendance en importation d'hydrocarbures, et doit importer 99,9% du pétrole qu'elle consomme.