Une belle cérémonie en hommage à Hamidou Djaïdir, percussionniste et un des maîtres de la musique Senaâ, a été animée avant-hier à Alger par les troupes andalouses de l'Association El Fen El Açil de Koléa et El Djazaïria El Moussiliya, dans une ambiance chaleureuse, où le professionnalisme et la maîtrise se sont mêlés à l'évocation et au souvenir. Les instrumentistes des deux formations ont offert au public nombreux et réceptif du Palais de la Culture Moufdi Zakaria, un florilège de pièces du patrimoine andalou dans un élan musical plaisant où la technique et la dextérité ont bien traduit le professionnalisme académique. L'Association El Fen El Açil de Koléa, sous la direction de Brahim Benladjreb, assurant la première partie du récital, a choisi de présenter Noubet Zidène, dans la sobriété de ses mélodies, écrites en mode relevé et interprétées dans les déclinaisons de ses mouvements rythmiques. Les pièces " Tahakkamou dhalamou, djarou fama aâdalou, Ya maknin in kan tourid ya moufachich, La wa aâynahou wa yakfi dha Al Kassamou, Aâter El anfass, Ayyouha essaki ileyka amchetki, Ittaki Allah et liyyem aâdet mawassem " ont été savamment exécutées par l'Orchestre de Koléa. Enchaînant Touchia, M'Seddar, Btaïhi, Derj, Insiraf, Kh'lass et El Kadria, la variation des cadences irrégulières, support au lyrisme romantique et soufi des textes, mettent en valeur la musicalité des airs interprétés par les voix expressives des instrumentistes, dans leurs envolées de virtuoses, à l'instar de Medouer Ahmed,le ténor, et Mohamed Benladjreb à la mandoline.Un film documentaire de 25 mn, retraçant le riche parcours de Hamidou Djaïdir a été projeté, permettant aux adeptes du genre andalou et aux compagnons de route du regretté artiste de replonger au cœur du patrimoine et du souvenir. Une évocation de l'homme, de ses qualités humaines, de son grand apport à la chanson andalouse et de son envie permanente de transmettre par la formation, ont fait l'essentiel des interventions et témoignages. El Djazaïria El Moussiliya, sous la baguette de Nasr eddine Benmerabet a, de son côté, également permis le voyage dans les méandres des belles mélodies du terroir, interprétant Noubet Er'Raml, dans un ton mineur, au grand bonheur de l'assistance qui savourait chaque moment de la prestation dans l'allégresse et la beauté du moment. "A Rekba, Djoullou ma Aâïndi, Hadith Gharib ,ouyoun Errim, Ya Ness Idha Nour Edh'dhidh, Ya Moukabel, Amchi Ya Rassoul ", ont été brillamment interprétés par l'ensemble, favorisant les voix teintées de douceur des ténors Mahmoud Hadj Ali et Seddik Mekhiouba, ainsi que des sopranes Hala Fatmi et Hafida Derramchi. Hormis El Kadria qui n'a pas été incluse dans le programme de la troupe algéroise, le reste des mouvements composant la nouba ont été enchaînés par l'ensemble des instrumentistes avec une dextérité de maîtres et une technique académique. Les sonorités denses et relevées des instruments à cordes rassemblant le luth, le violon, la kouitra, le r'beb et la mandoline ainsi que les beaux textes écrits par de grands maîtres de la poésie, ont empreint le récital de hauteur et de noblesse. En présence de grandes figures de la chanson andalouse, El Djazaïria El Moussiliya, dans le sillage des grandes écoles, a gratifié le public d'un florilège de chansons du terroir après avoir assisté à la remise du trophée honorifique aux proches de Hamidou Djaïder, devant la reconnaissance manifeste de l'assistance. Né à Sidi M'hamed Chérif à La Casbah d'Alger en 1923, Djaïdir Hamidou a beaucoup fait pour la préservation du patrimoine culturel algérien. Premier chef d'Orchestre d'El Moussiliya de 1966 à 1970, il a également été directeur des Orchestres à la Télévision algérienne et concepteur d'émissions. Percussionniste et grand maître de la musique andalouse, il a joué dans plusieurs orchestres et a contribué à l'épanouissement de la musique et du patrimoine andalou en transmettant à ses élèves ses connaissances et son savoir-faire.