Le président russe Vladimir Poutine se prononcera aujourd'hui sur le référendum en Crimée, a annoncé lundi le président de la Douma (chambre basse du parlement) Sergueï Narychkine. "Demain, à trois heures de l'après-midi, le président russe donnera son avis sur ce document (demande de la Crimée de faire partie de la Fédération de Russie en qualité de sujet fédéral doté du statut de république), ainsi que sur les résultats du référendum qui s'est déroulé hier", a indiqué aux journalistes le parlementaire à la sortie d'une réunion de la Douma. Lors d'un référendum sur le statut de la Crimée tenu avant-hier, 96,77% des électeurs ont voté en faveur du rattachement de la presqu'île à la Russie. Le taux de participation a atteint 83,1%.
Le " oui " l'emporte 95,7% des électeurs ayant pris part au référendum sur le statut de la presqu'île ukrainienne de Crimée ont voté en faveur de son rattachement à la Russie, a annoncé le chef de la commission chargée de la tenue du plébiscite, Mikhaïl Malychev. "Après le dépouillement des 75% des bulletins, on peut constater que 95,7% des personnes ayant participé au vote se sont prononcées en faveur de la réunification avec la Russie", a fait savoir M. Malychev. D'après le Premier ministre criméen, Sergueï Aksenov, 85% des électeurs ont participé au référendum. Les Criméens ont été invités à répondre à deux questions: "Souhaitez-vous le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie en qualité de sujet fédéral?" et "Etes-vous pour le rétablissement de la Constitution de la République de Crimée de 1992 et du statut de la Crimée au sein de l'Ukraine?". Peuplée principalement de russophones, la Crimée a été rattachée en 1954 à l'Ukraine qui faisait alors partie de l'Union soviétique. Il s'agissait d'une décision purement formelle, car le transfert de ce territoire a été effectué à l'intérieur du même Etat. Après la chute de l'URSS en 1991, la Crimée est restée au sein de l'Ukraine, mais a reçu le statut de république autonome. Conformément à sa première Constitution de 1992, la Crimée définissait ses relations avec l'Etat ukrainien sur la base d'accords bilatéraux.
Le Parlement proclame l'indépendance Les députés du Conseil suprême (parlement) de Crimée ont adopté une déclaration d'indépendance vis-à-vis de Kiev suite au référendum sur le statut de la presqu'île, a rapporté hier le service de presse parlementaire. "Lors d'une session extraordinaire tenue le 17 mars 2014, le Conseil suprême de la république autonome de Crimée a adopté une déclaration d'indépendance de la Crimée. Le document a été approuvé par 85 députés", lit-on sur le site officiel du Conseil. Le Parlement a également adressé à Moscou une demande d'adhésion au sein de la Fédération de Russie en qualité de sujet fédéral doté du statut de république.
Le référendum, exemple de dialogue civilisé Tout à fait légitime, le référendum sur le statut de la Crimée est un exemple de dialogue civilisé entre le pouvoir et la société, considère Evgueni Kopatko, sociologue et directeur de l'institut de sondages Research and Branding Group. "Il faut tenir compte du fait que ce référendum est absolument légitime. Il s'est avéré qu'un dialogue civilisé entre le pouvoir et la société peut se tenir même dans les conditions pénibles que nous connaissons actuellement", a indiqué M. Kopatko. "Si les résultats du référendum ont une suite positive, c'est ce que prouvent d'ailleurs les faits, nous verrons que le processus de dialogue pouvoir-société peut être organisé autrement et que les relations entre le pouvoir criméen et la population de cette presqu'île sont plus légitimes que l'élection du gouvernement sur la place de Maïdan (à Kiev)", a poursuivi l'expert ukrainien. Un changement de pouvoir s'est opéré le 22 février à Kiev. La Rada suprême (parlement ukrainien) a démis le président Viktor Ianoukovitch de ses fonctions et réformé la Constitution. Se proclamant toujours président légitime, M. Ianoukovitch a qualifié ces événements de "coup d'Etat". Moscou a aussi mis en doute la légitimité des récentes décisions de la Rada suprême ukrainienne. Plusieurs régions de l'est et du sud de l'Ukraine et la république autonome ukrainienne de Crimée ne reconnaissent pas les nouvelles autorités de Kiev. La Crimée a décidé de tenir un référendum sur son statut politique.
Washington refuse de reconnaître le référendum Le président américain Barack Obama a déclaré, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine, que le référendum en Crimée était illégitime, mais qu'il existait une voie diplomatique pour résoudre la crise compte tenu des intérêts de la Russie, annonce lundi la Maison- Blanche. Selon cette dernière, Obama a souligné que le référendum en Crimée "violait la Constitution ukrainienne" et "ne serait jamais reconnu par les Etats-Unis et la communauté internationale". Toutefois, le président américain a indiqué qu'"il existait une voie diplomatique pour résoudre la crise qui permettait de respecter les intérêts de la Russie et du peuple ukrainien". Toujours selon la Maison- Blanche, le chef de l'Etat américain "a demandé à la Russie de soutenir l'envoi immédiat d'observateurs internationaux pour aider à empêcher la violence de la part de tout groupe en Ukraine". Le président américain Barack Obama a également fait savoir que le secrétaire d'Etat américain John Kerry était prêt à collaborer avec son homologue russe Sergueï Lavrov et les autorités ukrainiennes en vue de trouver une solution diplomatique à la crise. Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part déclaré que la tenue du référendum en Crimée était conforme aux normes du droit international et de la Charte des Nations unies et tenait compte du "précédent du Kosovo". "M. Poutine a mis l'accent sur le fait que la tenue du référendum criméen était entièrement conforme aux normes du droit international et à la Charte de l'ONU et prenait en compte notamment le précédent du Kosovo", lit-on dans un communiqué diffusé par le service de presse du Kremlin. L'entretien a eu lieu à l'initiative de la partie américaine. Selon le Kremlin, en dépit de divergences sur certains points, les deux dirigeants sont tombés d'accord pour chercher des moyens de contribuer à la stabilisation de la situation en Ukraine. Le référendum sur le statut de la Crimée, dont l'Occident conteste la légitimité, s'est déroulé dimanche 16 mars. Selon un bilan provisoire dressé après le dépouillement de 75% des bulletins, près de 96% des personnes ayant pris part au vote se sont prononcées en faveur du rattachement de la région à la Russie en tant que sujet fédéral.
Les frontières sous contrôle des autorités Les autorités de Crimée, qui ont adopté lundi une déclaration d'indépendance vis-à-vis de Kiev suite au référendum sur le statut de cette république autonome, assurent la protection de la frontière, a déclaré le président du Conseil suprême (parlement) Vladimir Konstantinov. "La protection de la frontière est complètement à notre charge, et nous règlerons tous les problèmes en la matière par voie de négociations avec Kiev. Quoi qu'il en soit, les autorités de Kiev doivent d'abord se légitimer", a indiqué M. Konstantinov. Et d'ajouter que désormais, les passeports seraient tamponnés "République de Crimée" aux points de passage de la frontière de la république de Crimée.
Adoption du rouble Le rouble est devenu la devise officielle de la Crimée, la hryvnia ukrainienne le restera également jusqu'au 1er janvier 2016, a annoncé hier le service de presse du Parlement de la république dans un communiqué. "La devise nationale de la république de Crimée est le rouble, tandis que conformément à l'article 48 de l'Arrêté provisoire, la hryvnia ukrainienne conservera son statut de devise nationale jusqu'au 1er janvier 2016", indique le communiqué.