La Russie s'abstiendra pour le moment de riposter aux Etats-Unis en décrétant des sanctions contre ce pays, ainsi que d'instaurer un régime de visas avec l'Ukraine, a déclaré le président Vladimir Poutine, lors d'une réunion du Conseil de sécurité russe. En ce qui concerne les sanctions américaines et l'instauration du régime de visas par l'Ukraine, "je pense que nous devons pour l'instant nous abstenir de toute mesure de rétorsion", a indiqué M. Poutine. "Cela concerne en premier lieu le régime des visas avec l'Ukraine, car si nous instituons ce régime nous ferons du tort à des millions d'Ukrainiens innocents qui vivent modestement et qui travaillent en Russie pour gagner des sommes modiques permettant de faire vivre leurs familles", a affirmé le chef de l'Etat. "Il ne faut pas le faire", a-t-il conclu. Lors de cette réunion, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a annoncé que Kiev faisait des déclarations contradictoires concernant ses futures relations avec Moscou. "A cette occasion, ils [les Ukrainiens] ont fait savoir qu'ils allaient interrompre ou suspendre leur participation à la Communauté des Etats indépendants et qu'ils envisageaient d'introduire des visas d'entrée pour les Russes", a indiqué M. Lavrov.
Les USA se servent des sanctions pour confirmer leur domination Les Etats-Unis recourent à des sanctions pour confirmer leur domination, a estimé hier devant les journalistes à Moscou le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. "Les déclarations de Washington portent sur des sanctions économiques qui, comme l'a indiqué le président Obama, ne sont pas encore décrétées, mais pourraient l'être et affecteront de nombreux secteurs de l'économie russe. Cependant, il a reconnu que ces sanctions pouvaient aussi saper l'économie mondiale. Si pour satisfaire leurs propres ambitions géopolitiques, nos partenaires américains sont prêts à de telles démarches (…), il est évident qu'ils ne sont pas guidés par le bon sens (…), mais par le désir de punir quelqu'un à tout prix", a déclaré le ministre. Lundi, Washington a décidé d'adopter des sanctions à l'encontre de hauts responsables russes en raison de la situation autour de la Crimée, tandis que les chefs de diplomatie des pays membres de l'UE ont convenu de lancer des sanctions contre les officiels russes et ukrainiens coupables, selon eux, de "miner l'intégrité territoriale de l'Ukraine". Jeudi, les Etats-Unis ont ajouté à la liste de personnes sanctionnées les noms de 20 fonctionnaires, hommes d'affaires et parlementaires russes. Le même jour, l'Union européenne a annoncé avoir dressé une liste de 33 personnalités russes frappées par des interdictions de séjour et des gels d'avoirs. Cette liste est "assez proche" de celle des Etats-Unis, selon le président français François Hollande.
L'Occident "déconnecté de la réalité" Moscou a du mal à dialoguer avec un Occident qui est déconnecté de la réalité concernant le rattachement de la Crimée à la Russie, a déclaré hier le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. "A ma question visant à savoir s'ils se rendaient compte de ce qui s'était passé ces derniers jours (le référendum en Crimée et le rattachement de la presqu'île à la Russie, ndlr), ils (partenaires occidentaux, ndlr) ont répondu: 'oui, mais peut-être que vous changerez d'avis'. Il est difficile de parler à des personnes qui, selon un homme politique connu, 'sont déconnectées de la réalité' et continuent néanmoins de discuter", a indiqué le chef de la diplomatie russe en évoquant les discussions sur l'envoi d'une mission de l'OSCE en Ukraine. Le 16 mars, un référendum sur le statut de la république autonome s'est déroulé en Crimée. Plus de 96% de participants ont voté en faveur du rattachement de la Crimée à la Russie. Le 18 mars, la Russie et la Crimée ont signé le traité sur le rattachement de la Crimée et de la ville de Sébastopol à la Fédération de Russie.
Ban Ki-moon appelle la Russie, l'UE et les USA à garder le calme Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, en visite à Moscou, a appelé la Russie, l'UE et les Etats-Unis à garder le calme malgré la situation tendue autour de l'Ukraine et à ne pas oublier les problèmes de la Syrie, de la République centrafricaine et du développement durable. "Il importe que les grands acteurs comme la Russie, l'Union européenne et les Etats-Unis n'oublient pas les questions qui préoccupent le monde entier. Ils doivent agir de concert dans le règlement des problèmes en Syrie, dans la République centrafricaine", a déclaré M. Ban au terme d'une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine consacrée à la situation en Ukraine. "On ne doit pas oublier les questions du développement durable qui revêtent une grande importance pour le monde entier", a ajouté M. Ban. Le secrétaire général de l'ONU a affirmé partager la préoccupation de Moscou face à la situation des russophones en Ukraine et a appelé à les protéger. "J'ai dit au président russe Vladimir Poutine que je comprenais et partageais son inquiétude face à la situation des minorités russophones en Ukraine. Il faut garantir le respect des droits de tous les habitants de l'Ukraine, surtout des minorités, il faut respecter leurs droits et les défendre", a indiqué M. Ban devant les journalistes. M. Ban est arrivé en Russie "dans le cadre des efforts diplomatiques des Nations unies pour trouver une solution pacifique à la crise en Ukraine", selon le site des Nations unies. Après son séjour à Moscou, le secrétaire général partira pour Kiev où il rencontrera vendredi le président par intérim Alexandre Tourchinov, le Premier ministre par intérim Arseni Iatseniouk et d'autres membres du gouvernement de transition, ainsi que les représentants de la société civile et les membres de la mission de l'ONU de surveillance des droits de l'homme en Ukraine.
Le prochain sommet Russie-UE annulé L'Union européenne annule le prochain sommet Russie-UE prévu le 3 juin, a déclaré jeudi soir le président du Conseil européen Herman Van Rompuy. "Nous annulons le prochain sommet UE-Russie et les pays membres annulent eux aussi leurs sommets bilatéraux", a déclaré le responsable à l'issue de la première journée du sommet européen. Suite aux événements en Ukraine, l'UE a annoncé trois types de sanctions éventuelles à l'encontre de la Russie. La première possibilité consiste à suspendre les négociations sur un nouvel accord de base Russie-UE et un accord d'assouplissement du régime de visas. La deuxième concerne une interdiction de visas et des gels d'avoirs pour plusieurs personnalités russes et l'annulation du sommet Russie-UE à Sotchi. La troisième possibilité consiste à imposer des sanctions économiques.