Concrétisation ■ L'administration russe a commencé à délivrer des passeports russes en Crimée après le rattachement cette semaine de cette péninsule ukrainienne à la Russie. «Le processus a commencé. Nous avons déjà délivré une partie des passeports aujourd'hui (mercredi, NDLR) et le travail ne va faire que s'intensifier de jour en jour», a déclaré le chef du Service russe des migrations. Le projet de loi transmis hier à la chambre basse du Parlement russe par le président Vladimir Poutine prévoit que, dès le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie, les citoyens ukrainiens de cette péninsule ainsi que les personnes apatrides y résidant de manière permanente sont considérés comme citoyens russes. Moscou défendra les droits des Russes vivant à l'étranger, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères. «Nous défendrons leurs intérêts par des méthodes politico-diplomatiques», a déclaré M. Lavrov. «Nous insisterons pour que, dans les pays où vivent nos compatriotes, leurs droits et libertés soient pleinement respectés», a ajouté le ministre. Depuis le rattachement cette semaine de la péninsule ukrainienne de Crimée à la Russie, les autorités russes multiplient les déclarations de soutien aux russophones d'ex-républiques soviétiques. Et une réunion du gouvernement russe doit aborder ce jeudi la question du «soutien à la Transdniestrie», région séparatiste pro-russe de Moldavie. Le président de la Moldavie Nicolae Timofti a exprimé hier son inquiétude concernant une éventuelle répétition du scénario ukrainien dans son pays. «Il y a beaucoup de choses en commun entre les événements en Crimée et la situation en Transdniestrie», a-t-il souligné. Sur le terrain, un commandant de la marine ukrainienne, détenu hier par les forces pro-russes en Crimée, a été relâché dans la nuit. «Tous les autres otages civils détenus par les militaires russes et les représentants des nouvelles autorités autoproclamées» de la Crimée ont également été libérés dans la nuit, précise un communiqué de la présidence de l'Ukraine. Un contre-amiral avait été détenu par les forces pro-russes lorsque celles-ci ont pris le contrôle du quartier général de la marine ukrainienne à Sébastopol hier dans la matinée. Face à cette sitauation, Les dirigeants européens se réunissent aujourd'hui et demain à Bruxelles pour chercher une riposte crédible au rattachement de la Crimée à la Russie, auquel Kiev a réagi en introduisant les visas pour les Russes. La première annonce de sanctions lundi dernier a été accueillie avec ironie à Moscou. Hier soir, la Russie a averti que les pressions européennes et américaines à propos du rattachement de la Crimée pourraient influer sur sa position dans le cadre des discussions sur le nucléaire iranien. Le président des Etats-Unis Barack Obama a exclu hier toute intervention militaire de son pays en Ukraine mais a promis de travailler à édifier un vaste front diplomatique contre la Russie. «Nous n'allons pas nous lancer dans une intervention militaire en Ukraine», a déclaré M. Obama. «Les Ukrainiens eux-mêmes reconnaissent qu'affronter la Russie avec des moyens militaires ne serait pas approprié et ne bénéficierait pas à l'Ukraine», a expliqué le président américain. En revanche, «nous allons mobiliser nos ressources diplomatiques pour faire en sorte de disposer d'une solide coalition internationale qui enverra un message clair», a-t-il poursuivi.