Les cours du pétrole étaient stables hier matin en Asie, dans l'attente des stocks de brut aux Etats-Unis qui devraient être encore une fois à la hausse. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai gagnait 3 cents à 99,77 dollars et le Brent de la mer du Nord à même échéance prenait 4 cents à 105,66 dollars. Les cours progressaient dans le sillage des Bourses asiatiques, après la publication d'indicateurs encourageants sur l'industrie manufacturière en Europe et aux Etats-Unis. Le marché attend les stocks hebdomadaires américains de brut, publiés dans l'après-midi, a indiqué Ric Spooner, analyste chez CMC Markets à Sydney. Selon les analystes interrogés par Dow Jones Newswire, les réserves de brut devraient de nouveau avoir augmenté la semaine dernière, de 700 000 barils. Une hausse des réserves signifie un ralentissement de la demande d'or noir, mais les analystes soulignent que la période actuelle est dite de transition aux Etats-Unis: le pic de l'hiver et de la forte consommation de fioul de chauffage est passée et celle des longs déplacements en voiture, pour les vacances, n'a pas commencé. Les investisseurs continuent par ailleurs de suivre la situation en Ukraine, en raison de l'importance de ce pays et de la Russie dans l'approvisionnement pétrolier de l'Europe. La Russie fournit un quart du gaz naturel consommé par l'Europe et 80% de ces exportations passent à travers l'Ukraine. L'Otan, qui a suspendu sa coopération civile et militaire avec Moscou, doit poursuivre mercredi à Bruxelles ses discussions au niveau des ministres des Affaires étrangères. Côté américain, après des semaines d'intenses discussions, le Congrès américain a adopté mardi soir un plan d'aide à l'Ukraine comprenant également des sanctions contre la Russie. La veille, les cours du pétrole new yorkais sont repassés sous la barre des 100 dollars, minés par la crainte d'un ralentissement de la demande chinoise et la possibilité d'un regain de production en Libye. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai a reculé de 1,84 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 99,74 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a terminé à 105,62 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 2,14 dollars par rapport à la clôture de la veille. "Les inquiétudes concernant l'économie chinoise tirent les prix du brut vers le bas", a estimé Michael Lynch de Strategic Energy and Economic Research. L'indice PMI des directeurs d'achat compilé par la Fédération chinoise de la logistique et des achats (CFLP), a atteint 50,3 le mois dernier contre 50,2 en février. La banque HSBC, qui calcule et publie de son côté son propre indice PMI pour la Chine, s'est montrée nettement moins optimiste: elle a annoncé un chiffre de 48,0 pour mars, soit une chute de la production manufacturière la plus brutale depuis novembre 2011. Ces chiffres concernant le deuxième consommateur mondial d'or noir reflètent "une activité manufacturière qui reste relativement faible et en même temps n'est pas assez mauvais pour être sûr que le gouvernement chinois va lancer des mesures de soutien à l'économie", a remarqué Phil Flynn de Price Futures Group. Du côté de l'offre, "des groupes rebelles libyens ont apparemment conclu un accord pour la réouverture de certains ports", a indiqué le spécialiste. Cela pourrait permettre de relancer la production et les exportations du secteur pétrolier libyen, très perturbé depuis l'été à cause de divers mouvements de protestation. Selon plusieurs analystes, la production est récemment tombée à moins de 200 000 barils par jour contre 1,5 million en temps normal. Plus globalement, "l'abondance de l'offre" de brut, notamment en provenance de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), devrait "continuer de peser sur les prix" du pétrole, selon les analystes de Commerzbank. En mars, "les réductions de production en Angola et en Libye ont été contrebalancées par des augmentations en Arabie saoudite, au Nigeria et en Iran", ont-ils précisé. Le marché attendait également avec prudence le rapport sur l'emploi et le chômage aux Etats-Unis, qui sera publié vendredi et qui devrait permettre aux opérateurs d'évaluer la santé économique du premier consommateur mondial d'or noir. Pour Michael Lynch, les investisseurs ont aussi marqué un coup d'arrêt en ce premier jour du deuxième trimestre, au cours duquel les cours ont tendance à baisser. "Le pic de la demande en fioul de chauffage est passé, tandis qu'on n'est pas encore entré dans la saison des grands déplacements en voiture, importante pour la consommation d'essence aux Etats-Unis", a-t-il souligné.