La province autonome du Kurdistan irakien s'est engagée jeudi à exporter 100 000 barils de pétrole par jour à travers les oléoducs contrôlés par le gouvernement central pour tenter de résoudre l'impasse avec Bagdad. Les autorités kurdes et le gouvernement irakien se livrent depuis plusieurs mois une bataille sur le contrôle des exportations de brut: Bagdad estime que le pétrole appartient au pays tout entier, tandis qu'Erbil veut traiter directement avec des compagnies pétrolières. Dans un geste de bonne volonté, le gouvernement régional du Kurdistan (GRK) a proposé de contribuer aux exportations de pétrole irakien par oléoduc afin de donner aux négociations (entre Bagdad et Erbil) les meilleures chances de succès, a annoncé cette autorité régionale dans un communiqué publié sur son site internet. Le GRK n'a pas fixé de conditions préalables pour cette initiative, précise le texte. En janvier, le gouvernement irakien avait menacé de boycotter les entreprises turques et d'annuler des contrats si du pétrole kurde était exporté à l'étranger via la Turquie sans son aval, après l'annonce d'un début d'acheminement de brut du Kurdistan irakien vers ce pays. Un projet de contrat entre Ankara et le Kurdistan irakien prévoit notamment la construction d'un nouvel oléoduc d'une capacité de 300 000 barils par jour. Mais pour accentuer la pression, Bagdad a en partie coupé les fonds fédéraux à destination du Kurdistan, où certains fonctionnaires n'ont pas pu être payés dans les temps. Outre le différend sur le pétrole, un conflit territorial oppose le gouvernement central au Kurdistan irakien, qui jouit d'une importante autonomie et dispose de ses propres forces de sécurité, gouvernement et drapeau. Selon des diplomates et des responsables, le conflit entre Bagdad et Erbil représente à long terme la menace la plus importante pour la stabilité de l'Irak, un pays pourtant déjà plongé dans une nouvelle vague de violences ayant fait au moins 2 000 morts cette année.