L'Ukraine se trouve au bord de la guerre civile, a estimé hier le Premier ministre russe Dmitri Medvedev sur sa page Facebook. "Le sang a de nouveau coulé en Ukraine, et le pays vit dans l'attente d'une guerre civile (…).
La cause de la tragédie ukrainienne réside dans le fait que les autorités légitimes n'ont même pas tenté de maintenir l'ordre dans les régions lorsque des bâtiments officiels y étaient pris d'assaut. Par la suite, ces autorités ont été réduites à néant. Et les leaders illégitimes actuels espèrent quant à eux rétablir l'ordre qu'ils ont eux-mêmes détruit en accédant au pouvoir par un soulèvement armé", a écrit le chef du gouvernement russe. "Le coup d'Etat perpétré à Kiev a débouché sur des protestations populaires dans les régions, comme une réaction en chaîne (…). J'éprouve de la pitié envers les gens qui se sont retrouvés pris en otages par des hommes politiques incapables qu'ils n'ont pas élus et par des éléments radicaux qui ont remplacé la police et l'armée", a poursuivi M.Medvedev. Un changement de pouvoir s'est opéré en Ukraine le 22 février à l'issue de plusieurs semaines de contestation populaire meurtrière. La Rada suprême a destitué le président Viktor Ianoukovitch, reformé la Constitution et fixé l'élection présidentielle anticipée au 25 mai prochain. Le renversement du régime ukrainien a débouché sur des protestations populaires dans les régions du sud-est du pays, notamment dans la république autonome de Crimée, qui a fini par proclamer son indépendance vis-à-vis de Kiev avant d'adhérer à la Fédération de Russie. A l'heure actuelle, plusieurs villes de l'est et du sud de l'Ukraine, dont Donetsk, Kharkov et Lougansk, connaissent une mobilisation de militants pro-russes qui réclament la tenue de référendums sur le statut politique de leurs régions à l'instar de celui organisé en Crimée. La protestation qui secoue ces dernières semaines plusieurs régions du sud-est de l'Ukraine découle du refus de Kiev de prendre en considération les intérêts de la population russophone, a déclaré le président russe Vladimir Poutine lors d'un entretien téléphonique avec son homologue américain Barack Obama. "La partie russe a souligné que la protestation à Donetsk, à Lougansk, à Kharkov, à Slaviansk et dans d'autres villes du sud-est de l'Ukraine résultait du refus et de l'incapacité des autorités ukrainiennes à prendre en considération les intérêts de la population russe et russophone du pays. Les autorités ukrainiennes actuelles doivent penser avant tout à impliquer toutes les forces politiques et l'ensemble des régions dans un processus transparent d'élaboration d'une nouvelle Constitution qui garantisse les droits et libertés principaux des citoyens, l'organisation fédérale du pays et son statut de pays non aligné", indique le service de presse du Kremlin dans un communiqué. L'intention de Kiev d'organiser un référendum dans l'est de l'Ukraine constitue un signal positif, a estimé hier à Pékin le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. "Il s'agit d'un pas dans la bonne direction, bien qu'il arrive avec un retard important", a indiqué le chef de la diplomatie russe lors d'entretiens avec son homologue chinois Wang Yi. Toujours selon M.Lavrov, il est impossible d'"appeler au dialogue et d'envoyer en même temps des chars contre son propre peuple". Dimanche soir, le président ukrainien par intérim Alexandre Tourtchinov a annoncé le début d'une vaste opération spéciale impliquant l'armée régulière dans l'est du pays.