Beaucoup de promesses ont été faites par les représentants du Président. Peut-être même trop. Il va falloir les concrétiser. Des décisions seront quotidiennement prises, des actions seront quotidiennement lancées, les mises en œuvre quotidiennement contrôlées dans leur conformité, des corrections quotidiennement engagées, ce qui revient à dire que des bilans d'étape auront été faits, qu'il a été procédé à des évaluations et à des réévaluations. N'est-ce pas qu'ainsi des études auront été faites sur ce qui a été réalisé et sur ce qui reste à faire, et qu'à chaque fois, sera ré évaluée la ligne stratégique qui démarre des orientations et aboutit à leur traduction en politiques d'action. Faudrait-il comparer avec la décennie précédente, c'est-à-dire la décennie 2000, et considérer qu'il s'agit d'une totale rupture, ou alors d'une totale continuité de la même politique, en considérant qu'il va s'agir d'assurer la stabilité ? Sur la lancée des événements liés à la tragédie nationale, pratiquement sans transition, l'Algérie avait abordé une situation dans laquelle étaient entrés en conjonction presque simultanément trois phénomènes réellement nouveaux par rapport à la tradition. Entrée dans le libéralisme pratiquement brutalement avec une économie déphasée dans un contexte d'amincissement drastique des marges de manœuvre financières, entrée dans un multipartisme non balisé avec des projets incompatibles entre eux, si incompatibles qu'il est devenu difficile que les alternances puissent se faire sans douleur et sans remise en cause des grandes politiques de l'Etat, entrée dans ce qu'on a appelé la violence avec des moyens de sécurité conçus pour d'autres scénarios, la situation présentée était en totale rupture avec ce qui a été vécu traditionnellement durant les décennies précédentes, où toutes les variables étaient maîtrisables. Sur le plan intérieur, le transfert des clivages qui existaient au sein de la classe politique vers les populations invitées à s'aligner sur des courants politiques qui se refusaient mutuellement le droit à l'existence avait produit les conditions d'une guerre civile par suite de la déchirure progressive du tissu social sans que n'émerge un pôle politique de puissance capable de tempérer les facteurs de tension. Du côté des dirigeants du parti dissout, les deux leaders les plus en vue se complétaient l'un par des éclaircies conditionnelles, l'autre par des positions radicales, espérant ainsi ratisser le plus large possible et, pourquoi pas, induire des contradictions au sein des pouvoirs publics. Du côté des groupes armés, l'extrême violence était le point de départ de leur stratégie avec une combinaison des massacres, empreintes du terrorisme pour démontrer en même temps que la menace terroriste était plus crédible que la protection de l'Etat et des embuscades aux forces de sécurité pour faire accréditer la thèse d'un conflit interne armé, thèse qui avait reçu une écoute outre Méditerranée. Du côté du pouvoir, c'était la menée en simultané de la rahma pour provoquer l'érosion dans les rangs des groupes armés et de l'emploi des moyens de force dans un contexte de graves difficultés économiques , privant ainsi l'Etat des ressources nécessaires pour relancer la machine économique et abaisser le niveau des frustrations socioéconomiques des populations. Il ne s'agit pas cette fois de réaliser la paix, mais de réussir à relancer l'économie. Les Algériens marquent là leurs premières préoccupations.