Le fabricant américain de pneus Goodyear est passé dans le rouge au premier trimestre, plombé par la dévaluation du bolivar vénézuélien et l'hiver rude en Amérique du Nord qui a fait reculer ses ventes. Le groupe a accusé une perte nette de 58 millions de dollars, à comparer à un bénéfice de 26 millions un an auparavant. C'est dû en grande partie à une charge exceptionnelle de 132 millions de dollars après impôts à cause du Venezuela, où le gouvernement a modifié le système de change ce qui revient selon les experts à une dévaluation déguisée du bolivar. Le P-DG Richard Kramer a évoqué en outre d'autres "perturbations" pour les activités du groupe dans ce pays, en liaison avec des négociations sur les contrats de travail de ses salariés. Le bénéfice par action hors exceptionnels, qui fait référence à Wall Street, est inférieur de 4 cents à la prévision moyenne des analystes, à 56 cents. Quant au chiffre d'affaires, il a chuté de 8% à 4,47 milliards de dollars quand le marché espérait le voir atteindre 4,81 milliards. La baisse atteint même 13% sur l'important marché nord-américain, où Goodyear a vendu moins de pneus à cause de l'hiver particulièrement rigoureux. "Moins de véhicules neufs ont été produits que prévu", a souligné M. Kramer, et sur le marché des pneus de remplacement "des distributeurs ont été obligés de fermer leurs entrepôts et les consommateurs sont simplement restés chez eux à cause du mauvais temps". Certains analystes soulignaient que Goodyear avait davantage souffert du froid que l'ensemble du secteur automobile. M. Kramer a fait valoir que c'était en raison de son rôle de fournisseur pour de gros constructeurs qui achètent des pneus au fur et à mesure de leurs besoins et ont vu leur activité affectée par la météo. A la Bourse de New York, l'action Goodyear perdait 6,28% à 25,50 dollars. Pour la plupart des analystes, l'Europe était la seule région réservant une surprise favorable au premier trimestre. La division Europe/Moyen-Orient/Afrique (EMEA) a augmenté son chiffre d'affaires de 4% sur un an à 1,7 milliard de dollars, et sa marge d'exploitation est passée dans le même temps de 1,9% à 6,6%. Le chiffre d'affaires a reculé dans toutes les autres zones géographiques: -13% en Amérique du Nord à 1,9 milliard de dollars, -18% en Amérique latine à 422 millions, et -13% en Asie-Pacifique à 492 millions. Pour l'ensemble de l'année, Goodyear a malgré tout confirmé l'objectif d'une croissance de ses volumes de ventes de 2% à 3%. "Quand nous évaluons nos volumes de ventes en Amérique du Nord, nous pensons que le premier trimestre a simplement représenté une pause dans une tendance à l'amélioration de la demande de pneus en 2014", a commenté M. Kramer. "La poursuite de la reprise économique en EMEA et la croissance en Amérique du Nord devrait compenser des faiblesses sur les marchés émergents", a assuré pour sa part la directrice financière, Laura Thompson. Goodyear a aussi confirmé son objectif d'une croissance de son bénéfice opérationnel de 10% à 15% par an pour la période 2014-2016.