L'armée a repris le plus important bastion d'Al-Qaïda à Chabwa, une province du sud du Yémen où elle mène depuis plus d'une semaine une offensive contre le réseau extrémiste, a annoncé le ministère de la Défense. Les forces armées et de sécurité sont entrées à Azzane, la deuxième plus grande ville de Chabwa, qui était aux mains des insurgés d'Al-Qaïda, a ajouté le ministère sur son site internet 26sep.net. Un responsable local a confirmé la reprise d'Azzane par l'armée. Les forces armées sont entrées à Azzane sans résistance, après le retrait des combattants d'Al-Qaïda vers Al-Kour, une région montagneuse située à cheval entre Chabwa et Abyane, la province voisine. Selon lui, un accord entre des dignitaires tribaux et Al-Qaïda a permis un retrait des insurgés sans combat, ce qui a évité les effusions de sang et les destructions. L'armée yéménite a lancé le 29 avril une offensive contre les combattants d'Al-Qaïda pour les déloger de leurs bastions dans les provinces de Chabwa et d'Abyane où le réseau extrémiste est bien implanté. A Abyane, de nouveaux accrochages ont éclaté jeudi autour de Wadi Dhiqa, un bastion des combattants d'Al-Qaïda dont ils s'étaient retirés mardi sous la pression de l'armée, a indiqué un membre des miliciens pro-gouvernementaux engagés dans l'offensive aux côtés des militaires. Des dizaines de combattants, qui s'étaient repliés sur les montagnes avoisinantes, cherchent à reprendre leur fief en tirant sur les militaires, qui répliquaient, a déclaré ce milicien, présent à Wadi Dhiqa. Le ministère de la Défense a en outre annoncé la mort de quatre chefs locaux d'Al-Qaïda, dont un Koweïtien, Abou Moussaab, tués dans des affrontements avec les forces gouvernementales. Les trois autres chefs ont été identifiés comme étant Abou Walid al-Houmaqani, Khaled al-Oudeini et Abou Adel al-Kaldi, ce dernier ayant été abattu dans la province de Baida (centre), selon le ministère. Depuis le début de l'offensive militaire dans le Sud, les autorités ont annoncé la mort de plusieurs membres étrangers du réseau extrémiste. Mercredi, elles avaient fait état de la mort d'un Algérien, d'un Pakistanais et d'un Saoudien, après celle d'un Tchétchène et d'un Ouzbek notamment. Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a déclaré la semaine dernière que 70% des membres d'Aqpa, Al-Qaïda dans la Péninsule arabique, étaient des étrangers, faisant état de la présence dans les morgues au Yémen de cadavres de djihadistes originaires notamment du Brésil, des Pays-Bas, d'Australie, de France et d'Allemagne. Al-Qaïda au Yémen, considéré par les Etats-Unis comme la plus dangereuse des branches du réseau extrémiste, est bien implantée dans le sud et le sud-est du pays.
Washington ferme son ambassade au public pour raisons de sécurité Les Etats-Unis ont annoncé la fermeture au public de leur ambassade au Yémen, invoquant de récentes attaques contre des intérêts occidentaux dans ce pays où est implanté le réseau extrémiste Al-Qaïda. Ces attaques (...) et les informations que nous avons reçues nous ont suffisamment inquiétés pour que nous prenions ces mesures de précaution, a indiqué dans un communiqué le département d'Etat, deux jours après le meurtre d'un Français dans le quartier diplomatique de Sanaa. Nous continuons d'évaluer tous les jours la situation en termes de sécurité et nous rouvrirons l'ambassade au public quand ce sera approprié, a ajouté la diplomatie américaine, qui avait déjà fermé sa chancellerie à Sanaa pendant plusieurs semaines en août dernier. Cette fois, a précisé le département d'Etat, la fermeture est temporaire et ne concerne que les services offerts aux ressortissants américains et aux étrangers. Cette décision soudaine survient le jour où les forces de sécurité yéménites ont tué par balles le responsable présumé du meurtre lundi d'un Français à Sanaa. L'homme abattu s'appelait Waël Abdallah Massoud al-Waëli, chef d'une cellule terroriste qui a supervisé le meurtre (lundi) du citoyen français, selon les autorités yéménites. Le Français avait été tué par des hommes armés dans un quartier diplomatique de la capitale du Yémen, et un autre avait été blessé ainsi qu'un chauffeur yéménite dans cette attaque visant leur véhicule. Les deux Français étaient employés par la société de sécurité privée Argus Security, basée à Chypre et qui travaille pour le compte de la mission européenne au Yémen. Les diplomates étrangers, surtout européens, sont de plus en plus pris pour cibles à Sanaa. En avril, un diplomate allemand a été blessé en échappant à ses agresseurs qui tentaient de l'enlever, non loin de l'ambassade d'Allemagne. Deux Britanniques et un Allemand ont été enlevés en janvier et février. Le Yémen, où la population est fortement armée et où Al-Qaïda est très actif, est secoué par une violence endémique, sur fond d'instabilité politique. Des étrangers ont été enlevés par Al-Qaïda, qui détient notamment un enseignant sud-africain qu'il menace d'exécuter si une rançon n'est pas versée.