Les cours du pétrole sont repassés sous la barre des 100 dollars avant-hier à New York, pénalisés par une hausse du billet vert malgré un week-end qui s'annonçait tendu en Ukraine. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en avril a cédé 27 cents, à 99,99 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a fini à 107,89 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 15 cents. La force du billet vert a pesé sur le marché de l'énergie aujourd'hui, a expliqué Carl Larry, de Oil Outlooks and Opinion. Après un accès de faiblesse, le dollar reprenait de la vigueur en fin de semaine, évoluant notamment à son plus haut face à l'euro depuis début avril. Or, un dollar fort tend à peser sur le prix des matières premières libellées dans cette monnaie, rendant ces actifs plus onéreux pour les acheteurs munis d'autres devises. En outre, le WTI a pâti des mouvements de ventes de certains courtiers qui estiment que ses prix ont peut-être trop avancé, au vu de l'abondance quasiment record des réserves de brut dans le pays, a relevé Bart Melek, de TD Securities. Malgré un léger recul cette semaine, les stocks de brut se situent à des niveaux historiques, proches de sommets plus vus depuis 1931, selon des données mensuelles. L'escalade des violences en Ukraine n'est cependant pas passée inaperçue. Il y a beaucoup de risques ce week-end du côté de la crise ukrainienne, a relevé M. Larry. Les insurgés pro-russes ukrainiens ont en effet décidé de maintenir pour le 11 mai leur référendum d'indépendance, qualifié de référendum terroriste par Kiev, ignorant un appel du président russe Vladimir Poutine à le reporter. Le gouvernement ukrainien a de son côté répété qu'il n'avait nullement l'intention de renoncer à rétablir l'ordre dans l'Est, alors qu'il est engagé depuis le 2 mai dans une opération militaire qui s'est déjà soldée par des dizaines de morts. Le marché redoute que la situation n'entraîne l'adoption de mesures plus sévères de la part des Occidentaux à l'encontre de la Russie, susceptibles à leur tour d'entraîner des représailles énergétiques, alors que près de 30% des importations de pétrole et de gaz européennes proviennent de la Russie. Cependant, les sanctions imposées jusque-là par l'Occident ont été considérées pour l'instant par le marché comme de petites tapes sur la main de la Russie, et les opérateurs attendent désormais de voir ce qui va se passer ce week-end, et comment les Etats-Unis vont réagir, avant de miser sur une nouvelle hausse des prix, a expliqué M. Larry. Le recul du Brent a été limité par des craintes sur l'offre de pétrole en Libye, ont relevé quant à eux des analystes d'IG. En Libye, les rebelles autonomistes qui bloquent des sites pétroliers dans l'Est libyen ont affirmé qu'ils ne reconnaissaient pas le nouveau Premier ministre, Ahmed Miitig, dont l'élection controversée est selon eux illégale. Cette position des rebelles risque de remettre en cause un accord annoncé le 6 avril entre les rebelles et le gouvernement intérimaire d'Abdallah Al-Theni, prévoyant la levée progressive du blocage de quatre terminaux pétroliers. En Asie, le pétrole rebondissait dans les échanges matinaux, avec une remontée de la prime de risque liée à la situation en Ukraine, où des insurgés pro-russes veulent organiser des référendums séparatistes dans l'est du pays, un facteur qui rajoute encore à la crise. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin prenait 20 cents, à 100,46 dollars US et le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance gagnait 4 cents à 108,08 dollars.